PROBLÉMATIQUE DE L’EMPLOI DES JEUNES AU MALI: Accroître les opportunités offertes aux jeunes

Dans la prochaine décennie, selon les estimations 2025 publiées sur le site de la
Banque mondiale, 1,2 milliard de jeunes dans les pays émergents atteindront l’âge
de travailler, pour seulement 420 millions de créations d’emplois attendues sur la
même période. En Afrique Subsaharienne, 70 à 80 % de l’emploi rural dans la région
reste lié à l’agriculture. Avec l’arrivée prévue de 362 millions de jeunes sur le
marché du travail au cours de la prochaine décennie, et des opportunités d’emplois
estimées à 151 millions, des centaines de millions de jeunes seront par conséquent
privés de perspectives d’insertion sur le marché du travail, ce qui aura des
conséquences de grande ampleur sur le développement de nombreux pays. Nous
proposons ici la seconde et dernière partie de la pertinente réflexion de notre
confrère Mohamed Sacko qui est également un cadre de l’Agence pour la
promotion de l’Emploi des jeunes (APEJ).
Au Mali, les ministères ont en charge l’exécution des politiques gouvernementales de
réduction de la pauvreté par la création d’emplois. Le Ministère de l’Entrepreneuriat
National, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle occupe une part importante
dans la mise en œuvre de ces politiques. L’État a de tout temps entrepris des
réformes réglementaires qui ont permis de réduire la segmentation du marché du
travail et d’accroître les opportunités offertes aux jeunes.
Dans cette nouvelle démarche, les programmes d’aide à l’emploi et les actions de
perfectionnement professionnel doivent :
1-être dirigés vers les personnes, jadis, exclues du marché du travail formel, telles
que les jeunes demandeurs d’emploi, les ménages pauvres et les femmes ;
2-concourir à générer des emplois, de la croissance et des opportunités pour tous ;
3-apporter des garanties à grande échelle dans un secteur économique porteur et où
les besoins d’investissement sont les plus importants ;
4-mettre en place une structure de supervision (contrôle/suivi) en matière de
responsabilités environnementales et sociales, ce qui pourrait éviter de répéter
inutilement des processus ;
5-mettre en place un programme de formation et de promotion ;
6-renforcer et la mettre à jour de façon permanente le système d’information sur le
marché de l’emploi, du travail et de la formation professionnelle.
Pour amoindrir la problématique du chômage et relever le défi de l’employabilité des
jeunes, l’Agence pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes (APEJ) participe au
financement des projets des jeunes (hommes/femmes) en partenariat avec les
Banques et les Institutions de Microfinances de la place. L’objectif étant de
contribuer au développement économique et social du pays à travers la mise en
œuvre de la politique nationale de l’emploi et de la politique nationale de la
formation professionnelle en offrant aux jeunes maliens âgés de 15 à 40 ans des

opportunités d’emploi dans les différents secteurs d’activité économique à travers
l’emploi salarié ou l’auto-emploi.
Ces derniers temps, pour soutenir l’adoption et la mise en œuvre de réformes, les
programmes ou mesures spécifiques de réduction du chômage ont concerné les
activités des jeunes dans les domaines suivants : Horticulture (arboriculture, fleuri-
culture, maraîchage, service du conseil agricole et de fourniture d’intrants, etc.) ;
Gestion des déchets (recyclage des déchets plastiques, production de granulats, de
carreaux et de pavés, production de compost de qualité améliorée ; ramassage des
ordures, récupération et vente des produits recyclés, etc.) ; artisanat utilitaire
(plomberie agricole, fabrication de matériels et équipements de production agricoles,
cuisine et restauration, électricité photovoltaïque, isolation thermique à base de
déchets solides, l’innovation numérique et la gestion du risque environnemental et
social (écologisation), etc.).
C- Remédier aux difficultés d’accès des jeunes dans l’agriculture
Face à la hausse du taux de chômage des jeunes et à l’incapacité des villes à absorber
la main-d’œuvre croissante, il est impératif de transformer l’agriculture en un secteur
plus productif, attrayant et innovant. L’agriculture au Mali est confrontée à une
productivité stagnante, une baisse des investissements, un lourd fardeau de la dette
et à des défis concernant la qualité de l’emploi. Dans l’agroalimentaire, pour ne citer
que cet exemple, les rendements et la qualité de la production pâtissent de plusieurs
faiblesses : plantations mal entretenues, manque de semences de qualité et autres
intrants, services de vulgarisation insuffisants et pertes après récolte dues à des
problèmes de manutention et de stockage. Les investissements coordonnés, les
infrastructures et l’innovation peuvent libérer la croissance dans ce secteur à fort
potentiel d’emplois.
Les propositions en la matière sont les suivantes :
1-mettre fin à l’insécurité foncière qui décourage l’investissement et l’innovation
chez les jeunes ;
2-conjurer les lacunes en matière de financement et de formation qui empêchent les
jeunes d’accéder aux opportunités émergentes dans l’agriculture numérique, la
mécanisation et les pratiques intelligentes face au climat ;
3-réformer la gouvernance du secteur de l’agroalimentaire et à améliorer l’accès des
petits exploitants agricoles aux marchés, aux technologies et aux formations ;
4-insister sur l’enjeu de la création d’emplois dans les opérations de transformation,
en mettant en particulier l’accent sur les femmes aux fins attirer des investissements
privés dans les différentes filières ;
5-soutenir des mesures d’incitation ciblées, en améliorant la productivité, en
investissant dans les équipements de transformation et en facilitant l’accès aux
financements ;
6-fournir des formations en matière de contrôle de la qualité et de commercialisation
;
7-œuvrer au déploiement d’une plateforme informatique ;

8-aider les transformateurs à investir dans les technologies ;
9-créer de nouvelles opportunités d’emploi tout en améliorant l’efficacité de l’agro-
industrie afin de préserver les emplois productifs et d’assurer la sécurité alimentaire.
D- Accès aux services de santé
La santé est un secteur important pourvoyeur d’emplois. L’accès aux services de
santé et la réduction du chômage sont deux enjeux interconnectés, le chômage
pouvant avoir un impact négatif sur la santé et, inversement, une mauvaise santé
pouvant entraver le retour à l’emploi.
Pour atteindre ces objectifs, l’État doit investir dans la santé pour :
1-renforcer les capacités productives et améliorer les services sociaux de base ;
2-construire d’avantage des CSCOM et les doter en matériels adéquats ;
3-combler le déficit en ressources humaines dans ce secteur pour créer un plus grand
nombre d’emplois, mais aussi cette dynamique aura aussi un effet multiplicateur
dans d’autres secteurs d’activité.
E- Stimuler la croissance du Secteur privé
Ce secteur aussi est réputé être un grand pourvoyeur d’emplois notamment pour les
jeunes. Comme propositions, il faut donc :
1-adopter de mesures urgentes et volontaristes pour stimuler la croissance du
secteur privé ;
2-renforcer la stabilité économique et sociale ;
3-réduire les migrations de masse ;
4-améliorer les moyens de subsistance et d’accroître la résilience aux chocs financiers
ou climatiques,
5- assouplir les entraves à l’investissement qui se sont multipliées au fil des
années,
6-relancer les efforts d’amélioration du climat de l’investissement,
7-mettre en place des politiques qui favorisent un secteur privé dynamique à l’effet
de faciliter la création d’emplois en améliorant l’accès aux capitaux, aux technologies
et aux marchés ;
8-mobiliser les capitaux privés en s’employant à créer des instruments qui réduisent
les risques financiers pour les investisseurs ;
9-encourager une plus grande participation à l’économie formelle ;
10-renforcer le partenariat public-privé surtout dans les secteurs de création
d’emplois ;
11-mobiliser les financements nécessaires à la réalisation des principaux objectifs de
développement.
F- Stratégie de prêt-programme axé sur le résultat
Un prêt-programme axé sur les résultats est un mécanisme de financement de la
Banque mondiale où les décaissements sont liés à l’atteinte de résultats vérifiés,
plutôt qu’à des dépenses. En d’autres termes, les fonds sont décaissés lorsque des

objectifs spécifiques et mesurables sont atteints, ce qui renforce la responsabilisation
et l’efficacité du projet. Cet instrument se caractérise, notamment, par
l’établissement d’un lien entre les décaissements des fonds et l’obtention de
résultats spécifiques et par l’appui aux jeunes pour leur permettre d’accroître
l’efficacité et l’efficience de leurs projets afin d’atteindre des résultats tangibles et
durables. Il s’articule autour de 4 axes :
1-financer et soutenir les projets des jeunes ;
2-subordonner les décaissements à l’atteinte de résultats des projets ;
3-renforcer les capacités institutionnelles ainsi que les processus et les procédures
nécessaires pour permettre aux projets d’atteindre les résultats souhaités ;
4-fournir l’assurance que le financement de la Banque est utilisé de manière
appropriée et que les aspects environnementaux et sociaux du projet sont dûment
pris en compte ;
A ceux-ci, nous ajouterons deux autres volets importants :
1-contribuer à accroître les possibilités d’emploi pour les femmes  ;
2-transformer progressivement les projets à petite échelle réussis en programmes de
développement.
G- Multiplier les Centres de formation professionnelle
Les Centres de formation professionnelle sont des établissements offrant une
formation de niveau secondaire, structurée de façon à favoriser des apprentissages
concrets qui préparent les élèves à exercer un métier dès le bas âge. Offrant une
variété de programmes pour former les jeunes et les adultes à différents métiers, ces
centres visent à améliorer les compétences professionnelles, réduire le chômage et
favoriser l’insertion socioprofessionnelle. Certains centres se spécialisent dans des
domaines spécifiques, tandis que d’autres proposent une gamme plus large de
formations. En d’autres termes, le rôle d’un tel centre c’est d’optimiser la productivité
d’une entreprise, améliorer la qualité de la main d’œuvre renforcer la compétitivité
des entreprises et réduire le chômage à travers une meilleure employabilité des
jeunes.
En cette période de refondation de notre système de gouvernance, l’État doit mettre
l’accent sur la multiplication de ces Centres qui contribuent à réduire
considérablement le nombre de jeunes analphabètes et surtout permettre à la
jeunesse de s’insérer très tôt dans la vie active professionnelle au lieu d’un long
cursus et aux contours d’une recherche d’emplois indécise. Un dispositif très
important de réduction du chômage où les activités doivent être tournées vers la
connaissance de la nouvelle technologie en mettant l’accent sur le numérique et
l’économie verte qui sont des projets âprement financés par les partenaires au
développement.
Mohamed Sacko

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