POUR LICENCIEMENT: ABUSIF L’entreprise ‘’Call ME’’ assignée en justice

Plusieurs fois dénoncée par voie de presse, la société qui s’occupe de la gestion du service client d’Orange Mali, Call ME est dans le box des accusés. Il lui est reproché le « licenciement abusif » d’un employé après plus de 5 années de service. Après l’émission d’un avis favorable, la Direction régionale du Travail du district de Bamako s’est rétractée au motif que l’affaire est pendante devant la justice.

La société Call ME à travers son huissier de justice a-t-elle berné le tribunal de travail pour obtenir un avis favorable pour le licenciement du pauvre conseiller client Abdoulaye Ongoïba ? En tout cas, le revirement du tribunal de travail en dit long sur cette affaire.
Accusé de faute professionnelle, Abdoulaye Ongoïba, conseiller client chez Call Me, a été licencié. Décision contre laquelle il a décidé de se battre. Car, il estime être abusé par son employeur.

Pourtant, les responsables du premier partenaire de la société Orange Mali, en l’occurrence Oumar N’Doye, Directeur administratif et financier, se montraient enthousiastes avec l’avis favorable de la Direction régionale du Travail du District de Bamako en leur possession. Un motif valable pour la société pour démettre de ses fonctions le conseiller client.
En effet, après la saisine du tribunal de travail par un huissier de justice à la solde de Call Me-Mali, le 29 août 2022, le Directeur régional du travail avait approuvé les faits reprochés au jeune Ongoiba. La lettre du 13 septembre 2022 indique « lors du débat contradictoire, il a été établi que le travailleur, se présente souvent en retard au travail, mais aussi, qu’il s’absente sans votre autorisation préalable ce qui manifestement constitue une faute professionnelle que vous pouvez sanctionner en vertu de pouvoir de direction et d’organisation ». Et que les faits présentés par l’entreprise Call Me notamment l’abandon de poste constitue « un motif réel et sérieux de licenciement ». Mais sauf que, la Direction régionale de travail ignorait que l’affaire était déjà pendante devant le tribunal du travail. C’est ainsi que le Directeur régional du travail, Houdey Ag Mohamed a procédé deux jours plus tard au retrait de l’avis à travers une nouvelle lettre adressée au Directeur général de Call Me-Mali.

« J’ai l’honneur de vous informer que le différend de travail qui vous oppose à Monsieur Abdoulaye Ongoïba, employé au sein de votre structure en qualité de Conseiller client était déjà pendant devant les juridictions de travail avant notre saisine.
En conséquence, les termes de notre correspondance n°0760/DRT-DB en date du 13 septembre 2022 sont nuls et de nul effet.
Par ailleurs, je vous rappelle que le travailleur a la faculté.d’introduire sa requête au niveau des greffes du tribunal du travail sans passer par l’inspection du travail.
Vous en souhaitant bonne réception, je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de ma franche collaboration », indique la lettre.

Les faits
Le sieur Ongoïba travaille à Call-ME depuis plusieurs années. C’est en décembre 2017 qu’il a eu un accident de travail, qui lui a laissé certaines séquelles. Du fait de cet accident, M. Ongoïba ne parvenait plus à suivre le rythme du travail, comme auparavant. C’est ainsi que l’entreprise a bien voulu lui accorder une réduction sur ses horaires de travail. Avec cette réduction de deux heures sur 8 heures, il parvenait à tenir le bout.
Un beau jour, au moment où le sieur Ongoïba cherchait auprès de l’entreprise un congé pour se reposer, son chef hiérarchique, du nom de Hama Haïdara, l’aurait remis à son ancien rythme de travail sans l’avertir. C’est là où l’employé aurait interpellé son chef du personnel qui, sans chercher à résoudre le problème à l’amiable, l’aurait informé de son licenciement.

Selon M. Ongoiba, les raisons évoquées par le chef de personnel sont les suivantes: « J’avais un contrat à durée indéterminée (CDI). Les raisons évoquées dans la lettre de licenciement sont : absences, retards, abandons de poste depuis le 1er août, et que j’ai aussi refusé de répondre à une lettre d’explication ».
Devant ces raisons, M. Ongoiba proteste catégoriquement, car selon lui, tous ces points évoqués par son chef du personnel ont été justifiés.

Parlant des absences, il dit avoir justifié cela par ses nombreuses fiches médicales dûment établies par son médecin. S’agissant de l’abandon de poste depuis le 1er août, il explique que c’est intervenu après que son chef du personnel lui aurait annoncé son licenciement et qu’il devrait prendre sa lettre de licenciement pour la signer. « Je suis passé deux fois, ladite lettre n’était pas prête pour que je signe. C’est ce qui a fait que je ne me suis pas présenté à mon poste depuis le 1er août » «Ces accusations, selon le sieur Ongoïba, sont sans motif légitime et que la motivation est inexacte. «C’est pourquoi, j’ai porté plainte», a-t-il indiqué.

Contactée, l’entreprise à travers son Directeur Administratif et financier, Oumar N’Doye nie le tout en bloc et insiste sur le bien-fondé de leur décision. Il tient comme preuve le constat d’un huissier sur des supposées absences jugées répétitives et « injustifiées » d’Abdoulaye Ongoïba. A cela, il joint la première lettre de la Direction régionale du Travail du District de Bamako autorisant l’entreprise de procéder au licenciement.
Tout de même, Ongoïba n’est pas le seul à se plaindre de l’entreprise Call Me Mali, plusieurs de ses anciens camarades se plaignent. Ils s’offusquent du temps de travail, de la rémunération et le manque de repos, etc. Certains dénoncent un système d’exploitation de l’homme par l’homme qui ne dit pas son nom.

Face à cette situation de plus en plus insupportable, selon une source interne, les quelques rares et courageux agents qui essayent de sonner le glas de la révolte sont automatiquement renvoyés. « Devant la crainte de perdre leur emploi, les agents sont obligés de rester muets, malgré leurs conditions difficiles de travail. », précise-t-elle.
Mais sauf que pour le cas d’Abdoulaye Ongoïba l’intimidation, à elle seule, n’a pas suffi. Cet employé de plus de 5 ans attaque l’entreprise devant les juridictions compétentes pour « rupture abusive » de son contrat de travail. L’affaire, qui devait être jugée le mardi 6 septembre au tribunal de la CIII du district, a finalement été repoussée au 20 septembre prochain. Ce report est dû, selon unproche du dossier, au nonagencement des dossiers de l’entreprise.

De ce fait, le conseil de Call Me a sollicité du tribunal un report de deux semaines.
Pour sûr, si Call ME venait à être condamnée pour licenciement abusif, cela ouvrira certainement la voie à d’autres procès contre la société. En attendant le jugement de cette affaire très embarrassante autant pour Call ME que pour son partenaire Orange Mali, les deux camps campent sur leurs positions.

Affaire à suivre !
Abdrahamane Baba Kouyaté