POUR LE PRESIDENT BAH N’DAW «Pierre Buyoya a été un avocat passionné de la cause malienne et sahélienne»

Le président de la Transition au Mali, M. Bah Daw, a été l’une des premières personnalités à rendre hommage à Pierre Buyoya, ancien président du Burundi et ancien Haut représentant de l’Union africaine (UA) dans ce pays, décédé dans la nuit du 17 au 18 décembre 2020 à Paris (France) des suites de COVID-19 à 71 ans. Hospitalisé pendant une semaine à Bamako, son état de santé s’était brusquement dégradé. Transporté à bord d’un avion médicalisé dans la capitale française, il y est décédé avant d’arriver à l’hôpital.

Huit ans au Mali pour œuvrer à la paix et à la stabilisation de notre pays ! C’est ce que le président de la Transition, Bah N’Daw, retient principalement de Pierre Buyoya, ancien Haut représentant de l’Union africaine (UA) au Mali et au Sahel, décédé dans la nuit du 17 au 18 décembre 2020 à Paris (France) des suites de COVID-19.
«Nos compatriotes et nos partenaires garderont de Pierre Buyoya le souvenir d’un avocat passionné de la cause malienne et sahélienne. Affable et expérimenté, il se sera investi sans calculer pour la préservation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté du Mali tout en plaidant de manière constante et pédagogique pour la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation», a écrit le Chef de l’Etat malien.

«Celui que nous pleurons aujourd’hui fut un grand Burundais, un grand Africain, un grand Sahélien et enfin un grand Malien, notre compatriote. Nous le regretterons…», a conclu le président N’Daw. Et de nombreux leaders politiques maliens lui ont aussi rendu un vibrant hommage sur les réseaux sociaux. L’ancien Premier ministre et ex-président du parti Yelema, Moussa Mara, a salué en lui «un grand ami du Mali» qui s’en est allé. «Ces 8 dernières années, Pierre Buyoya a été de toutes les actions vers la paix et la sécurité dans notre pays…», a reconnu M. Mara.
«Sa démission a été un coup dur pour le Mali parce qu’il avait toujours privilégié l’intérêt du peuple malien, de la paix et de la stabilité du pays dans tous les dossiers relatifs à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation», a confié à Xinhua un diplomate malien qui a requis l’anonymat. «Dans la crise sociopolitique qui a abouti au coup d’Etat du 18 août dernier, il s’était beaucoup investi pour rapprocher les positions du président Ibrahim Boubacar Kéita et des contestataires du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Et après le putsch, il a pesé de tout son poids pour que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) ne prenne pas des sanctions trop lourdes et pouvant accentuer le calvaire du peuple…», a-t-il ajouté.

«C’est un homme qui avait été unanimement apprécié chez nous pour le rôle positif qu’il a joué dans la résolution des différentes tensions et crises politiques ainsi que son engagement constant dans la consolidation de la paix et de la stabilité», a souligné M. Soumeylou Boubèye Maïga, ancien Premier ministre et président du parti Alliance pour la Solidarité au Mali-Convergence des Forces Patriotiques (ASMA-CFP). «Il a été également apprécié pour son plaidoyer en faveur de l’harmonisation de la réponse des pays du Sahel face à la menace terroriste et aux défis du développement», a-t-il rappelé.

Pour Tiébilé Dramé, président du Parena et ancien ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, «avec la mort du président Pierre Buyoya, le processus de paix et de stabilisation du Mali perd un acteur expérimenté et sincère… Par son engagement de huit années ici, il a posé les fondations d’un pont entre l’UA et Bamako». Et de conclure, «l’histoire du Burundi rétablira le rôle crucial joué par le président Buyoya pour préserver l’existence de son pays, pour assurer son unité et la réconciliation nationale du peuple burundais».
Haut représentant de l’UA au Mali et au Sahel (en proie à la propagation djihadiste et aux violences intercommunautaires) depuis 2012, Pierre Buyoya a annoncé sa démission de son poste le 24 novembre dernier pour se défendre face à la justice de son pays. A la tête du Burundi de 1987 à 1993 puis de 1996 à 2003, il a en effet été condamné le 20 octobre dernier à la prison à perpétuité dans son pays pour l’assassinat en 1993 de son prédécesseur Melchior Ndadaye.

Un verdict qu’il a taxé de «parodie de justice» en exprimant son intention de faire appel devant les juridictions nationales et internationales. «J’ai démissionné de mon propre gré parce que, pour exercer les fonctions qui sont les miennes, il faut avoir ses capacités entières au niveau physique, au niveau moral», a-t-il précisé lors d’un point de presse animé à Bamako le 24 novembre dernier. Et il n’a pas caché ce jour sa volonté d’utiliser «tous les moyens possibles pour faire triompher la vérité». «Je me battrai à partir de l’endroit où je pense qu’il est plus efficace de le faire. Mais, je n’ai pas encore choisi un pays pour mon asile politique».

Mais, selon nos informations, sa famille a décidé que Pierre Buyoya repose pour l’éternité en terre malienne d’Afrique. Un honneur que les autorités Maliennes ne peuvent sans doute pas refuser. En effet, Et comme l’a si bien écrit le doyen Tiegoum Boubèye Maïga, «il était devenu familier des Maliens. Il était même devenu Malien, adopté par tous». Et cela d’autant plus que le Major Pierre Buyoya s’était investi avec «toute son énergie et avec conviction dans la recherche de la paix et la réconciliation. Il faisait abstraction de ses propres tourments personnels» !
Dors en paix Malien de cœur !

Moussa Bolly