Pierre de Gaétan Njikam, sur les prochaines JNDA d’avril 2019 : « Remobiliser une diaspora africaine disponible pour le développement de l’Afrique et la coopération avec la France »

Célèbre pour être à la fois maire adjoint d’Alain Juppé à Bordeaux, et le fondateur des Journées nationales des diasporas africaines, le « girondin » Pierre de Gaétan Njikam s’est offert une « escapade jacobine » à Paris. Au menu, entre autres : une conférence à l’Assemblée nationale, une prise de parole au Salon de l’Agriculture… et l’occasion d’une entrevue exclusive avec nous pour évoquer ses engagements pour l’Afrique.

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AP.P – Pierre De Gaétan, nous faisons cette interview au pavillon Afrique du SIA 2019 de Paris, et cela pourrait paraître inattendu de vous trouver ici, prenant la parole à une conférence sur l’agriculture africaine… Mais en réalité vous êtes très impliqué dans ce secteur, en votre qualité de directeur général du Fonds de dotation Pierre Castel-Agir avec l’Afrique

Pierre de Gaétan Njikam – Je suis très heureux de me trouver à cette édition 2019 du Salon international de l’Agriculture ! D’abord pour faire en sorte que le Fonds de dotation Pierre Castel – Agir avec l’Afrique, qui a décidé d’accompagner les jeunes entrepreneurs agricoles africains, puisse exposer notre vision de décliner les actions que nous menons en direction du continent africain à partir de la France, et aussi de trouver des ressources à la fois humaines et d’expertise pour rendre plus efficace l’accompagnement des entrepreneurs agricoles africains.

Des trois lauréats du Prix Pierre Castel récompensés l’année dernière, l’un d’eux, Daniel Oulaï de la Côte d’Ivoire, participe avec nous à ce SIA 2019, et nous n’oublions pas les deux autres : nous accueillerons prochainement Flavien Kouatcha du Cameroun, et nous irons rencontrer à Ouagadougou le lauréat burkinabé, Brice Kaboré.

Notre présence au salon de l’agriculture nous permet de rappeler ce que nous faisons concrètement et financièrement avec les prix Pierre Castel pour les jeunes entrepreneurs agricoles. C’est aussi l’occasion de présenter notre programme en faveur de l’innovation dans les écoles d’agronomie et d’agriculture des pays africains, et notamment au Burkina Faso, au Cameroun et en Côte d’Ivoire, trois pays où nous allons accompagner la création de chaires d’innovation agricole.

AP.P – Vous avez échangé rapidement avec un représentant du ministère français de l’Agriculture qui assistait à la conférence, et vous lui avez demandé son concours pour la mise en œuvre de ces chaires africaines, m’a-t-il semblé. Exact ?

Pierre de Gaétan Njikam – Oui, car dans l’optique d’accompagner les universités agricoles africaines, nous devons disposer de partenaires, tant en Afrique qu’en France. Il est donc important que le ministère de l’Agriculture français et l’ensemble de l’écosystème agricole puissent nous aider à identifier les meilleurs partenaires universitaires à mettre en face des universités agricoles africaines.

AP.P – Un autre intervenant au cours de la conférence a évoqué la question du financement des diasporants candidats entrepreneurs… C’était précisément le thème de la conférence organisée par le Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA), vendredi 22 février à l’Assemblé Nationale, et à laquelle vous avez participé. Qu’avez-vous retiré de ces échanges ?

Pierre de Gaétan Njikam – D’abord je voudrais saluer cette initiative du Conseil présidentiel pour l’Afrique d’organiser un atelier sur ce thème assez précis et utile de l’investissement et du financement d’entreprises des diasporas africaines ou afro-descendantes.

Un premier mérite de cet événement aura été de mobiliser le temps d’une après-midi une grande diversité et richesse de profils. Et deuxièmement cela a permis de ne pas se disperser dans tous les sens et de focaliser la réflexion de manière très pragmatique sur comment ces diasporas, de plus en plus professionnelles et outillées peuvent se projeter sur le continent africain à partir de leur situation en France.

Ce que j’en ai retiré, c’est que le vrai enjeu est celui de l’accompagnement de ces diasporas. Car l’investissement aujourd’hui revêt un aspect multiforme : financier, d’expertise professionnelle, d’implication intellectuelle… De ce point de vue, les dispositifs existants aujourd’hui sont-ils suffisamment efficients pour accompagner ces diasporas africaines ? Poser la question, c’est déjà commencer à y répondre…

Il y a également tout un travail à accomplir autour des chocs culturels rencontrés par les diasporas elles-mêmes lorsque, ne connaissant pas nécessairement parfaitement les contextes africains, elles s’y engagent voire s’y aventurent. Une autre expression du choc culturel, qui peut intimider, est celui des structures ou des entreprises françaises qui n’ont encore jamais osé l’Afrique, et de ce fait préoccupées par de fortes appréhensions culturelles… C’est pour avoir commencé à défricher ces problématiques que cet atelier du CPA aura été extrêmement utile.

AP.P – En effet, un grand travail d’acculturation reste à faire, et de tous côtés… Or justement, vous avez créé en 2013 les Journées nationales [annuelles] des diasporas africaines, à Bordeaux où se déroulera la prochaine édition, en avril. Quelle thématique allez-vous mettre en lumière, cette fois ?

Pierre de Gaétan Njikam – Nous en sommes à la septième édition de nos Journées nationales des diasporas africaines, qui se dérouleront en effet les 11, 12 et 13 avril à Bordeaux. Comme tous les ans, ces Journées sont l’occasion d’une remobilisation et d’un engagement des talents de la diaspora africaine de France, et en relation bien sûr aussi avec les élites venant du continent africain, pour rappeler l’importance de la relation humaine, et surtout la plus-value que peuvent apporter ces diasporas africaines.
À la fois dans la volonté de projection de la France sur le continent africain, mais aussi la volonté des sociétés et des États africains de capter la ressource, non pas simplement financière, mais également experte, que constituent ces diasporas.

Donc la thématique qui traverse l’ensemble des manifestations qui se dérouleront à Bordeaux est celle d’une diaspora africaine disponible pour le développement de l’Afrique et la coopération avec la France.

AP.P – Au-delà de cet événement emblématique, avez-vous d’autres chantiers avec l’Afrique, en cours ou en projet à Bordeaux ?

Pierre de Gaétan Njikam – Bien sûr ! On peut d’ailleurs considérer que Bordeaux est devenue aussi une capitale africaine, assumant absolument cette vocation depuis des décennies. Et nous travaillons pour qu’elle soit durant de nombreuses années encore le lieu où l’Afrique en France se réinvente et se projette vers l’avenir. Plusieurs temps forts succéderont donc évidemment à nos Journées nationales des diasporas africaines ! Mais il est encore trop tôt pour les annoncer maintenant.