Oumar Mariko «Il faut faire la différence entre société civile et société servile!»

C’était le samedi 10 septembre à la Bourse du travail et tous les responsables du Collectif avaient répondu présent. Au cours du meeting, le Président du SYLIMA s’est montré très critique à l’endroit de nos hommes politiques et a fustigé certaines disposition de la nouvelle constitution.

On pouvait voir au présidium le Secrétaire général de l’UNTM, Siaka Diakité, le Pr  Ali Nouhoum Diallo, Président de la COMODE, le Président du Syndicat libre de la magistrature (SYLIMA), Hameye Founè Mahamadane, le Président du Forum des organisations de la société civile, Adama Diakité, le Secrétaire général de SADI, l’Honorable Oumar Mariko et l’avocat Me Gaoussou Diarra. Ce Collectif pluridisciplinaire vise un seul objectif: appeler les populations à voter Non au référendum de révision de la Constitution malienne du 25 février 1992. Des partis politiques, comme la CNAS Faso Hèrè, l’UNPR, SADI sont également associés à cette démarche du collectif né pour combattre la révision constitutionnelle.

«C’est la conséquence de la fuite en avant des hommes politiques. Rien, absolument rien, ne justifie cette révision constitutionnelle. C’est le sentiment de tout faire pour plaire à un seul homme», a déclaré le Président du SYLIMA, avant de se déclarer surpris de voir que l’Assemblée nationale a voté cette loi de révision constitutionnelle. Car, depuis le début, il pensait qu’il allait s’y trouver une majorité pour voter contre cette réforme. Pour le président du SYLIMA, les hommes politiques veulent ramener l’histoire à un homme. Sinon, il ne comprend pas ce qui peut justifier cette révision constitutionnelle, qui, d’ailleurs, est loin d’être conforme aux aspirations du peuple malien.

Hameye Founè est formel, «le Sénat ne va rien améliorer dans la procédure législative, si ce n’est créer des charges extraordinaires pour notre pays. Dans l’histoire législative de notre pays, combien de lois ont-elle été rejetées par l’Assemblée nationale?», comme en témoigne l’adoption des lois sur l’AMO et le Code, qui été adoptées par l’Assemblée nationale, et dont tout le monde connaît la suite. Il considère que cette nouvelle constitution est une atteinte grave à la souveraineté du peuple. Il y voit même une immixtion du pouvoir législatif dans le pouvoir judiciaire. Et pour cause, «les magistrats, dans l’exercice de leur fonction, ne pourront plus détenir un député sans qu’on lève son immunité parlementaire. Et même si le magistrat obtenait la levée de son immunité, il faudra qu’il vienne aussi demander l’autorisation de l’Assemblée nationale», a-t-il dit. C’est pourquoi, il a estimé que chacun avait intérêt à se chercher un nouveau passeport, parce que la République est en danger avec cette nouvelle constitution.

Pour sa part, Me Gaoussou Diarra a relevé les faiblesses de la réforme proposée. Il s’agit notamment de la référence à la Charte de Kurukan Fuga, à la discrimination positive, le refus de la binationalité, qu’il considère comme dépassé au 21e siècle, et la création d’une agence chargée de l’organisation des élections dans notre pays, entre autres.

Dans son entrée en matière, le Secrétaire général du  SADI, l’Honorable Oumar Mariko s’est réjoui du soutien du Forum des organisations de la société. A ses dires, cela permettra de faire la différence entre «la société civile et la société servile».  D’où son encouragement à Adama Diakité et à son organisation pour leur adhésion à ce combat national. Au-delà  de ces considérations, l’Honorable Mariko est convaincu que cette réforme a été dictée de l’extérieur. «C’est une constitution taillée sur mesure pour le nouveau président qu’ils veulent nous imposer en 2012», a-t-il affirmé, avant de dévoiler au grand jour certains secrets sur les circonstances dans lesquelles a été adoptée cette loi, et bien d’autres lois de la République.

De son côté, Siaka Diakité a assuré le Collectif du soutien de sa centrale syndicale jusqu’à l’atteinte de l’objectif fixé au départ. «Nous l’avons dit, et je le répète, quelle opportunité pour notre pays d’aller à une réforme constitutionnelle? Elle est inutile», a-t-il souligné, avant de dire que tout le monde était unanime sur le fait que la vie au Mali était chère et que le Conseil national des prix qui a été mis en place n’a eu aucune répercussion sur le coût des produits de consommation. C’est pourquoi Siaka Diakité pense que dans cette période de vaches maigres il urge de surseoir à la tenue de ce référendum constitutionnel.

Youssouf Diallo

Le 22 Septembre

12/09/2011