MORT D’AG AOUSSA : Pourquoi la CMA accuse Barkhane

Tué dans l’explosion de son véhicule au sortir d’une réunion tenue dans le camp de la Minusma à Kidal, la mort de cette figure militaire très respectée, chef d’état-major du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et membre de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), a fait l’effet d’un séisme dans la communauté touareg.
L’hypothèse – très relayée aujourd’hui à Kidal – d’une mise en cause de Barkhane dans cet attentat est née des circonstances troubles de la mort d’Ag Aoussa. Des enquêteurs de la CMA ont notamment rapporté avoir retrouvé, sur le véhicule calciné, une base magnétique qui aurait servi a fixé un engin explosif.
De quoi étayer la thèse d’une attaque ciblée, affirment les leaders de la CMA. Or, précise une source sécuritaire, « ce type matériel ne peut provenir que de services étrangers ou de groupes terroristes très équipés ». « Les soupçons contre la France ont ensuite proliféré à cause des liens particuliers qu’il entretenait avec l’armée française », ajoute la même source.

NORD DU MALI : La double vie d’un cousin d’Iyad Ag Ghaly
Cousin d’Iyad Ag Ghaly, le chef terroriste d’Ançar Eddine, et membre de la tribu touareg des Ifoghas majoritaires à Kidal, Cheikh Ag Aoussa était connu pour sa proximité avec les militaires français auxquels il fournissait des informations sur le terrain. Il aurait notamment contribué à localiser Iyad Ag Ghaly aux confins du Sahel tout en préservant ses liens avec plusieurs lieutenants d’Ançar Eddine. Une double casquette qui lui a valu des soupçons de complicité dans les deux camps. « Côté français, beaucoup pensaient qu’il protégeait en réalité son cousin », assure un fin connaisseur du Nord du Mali.

RPM : La polémique autour des transfuges
La polémique autour des transfuges du Rassemblement pour le Mali (RPM), le parti au pouvoir, se poursuit. Une dizaine de députés avait quitté la majorité présidentielle pour rejoindre le mouvement d’opposition ADP/Maliba. Le RPM a déjà accusé ADP/Maliba d’avoir corrompu les déserteurs, en échange d’argent, ce que dément l’opposition.
Le député de la majorité présidentielle, LabassKané, témoigne personnellement. L’élu de la région de Koulikoro assure avoir été approché à deux reprises par le mouvement d’opposition ADP/Maliba dans une tentative de débauchage, argument financier à l’appui. La première fois, c’était le mois dernier, au lendemain de la Tabaski, alors qu’il rentrait du village.
« Ils m’ont proposé une somme de 50 millions de F CFA avec la clé d’un 4×4. Une fois accepté, on vous remet l’argent en échange de la lettre de démission [du RPM, Ndlr] et de la lettre d’adhésion [ADP/Maliba]. En plus de l’argent, ils disent qu’il y a d’autres avantages après. J’ai refusé, car ce n’est pas honnête, une personne qui fait ça n’a pas de convictions », assure le député LabassKané.
Selon le député, ce sont deux transfuges, des députés ayant quitté le RPM pour rejoindre ADP/Maliba, qui lui auraient fait ces propositions. Le député Soïba Coulibaly, député de Kati nommément cité, dément ces accusations.
« Ce n’est pas vrai, c’est faux et archifaux, clame-t-il. Je n’ai vu personne pour aller à ADP/Maliba en lui demandant de prendre un pot-de-vin ou de prendre quoi que soit. Si l’ADP doit donner de l’argent, ce n’est pas à travers moi, je ne suis pas le bailleur d’un parti politique. Si nous avons quitté le RPM, ce n’est pas pour de l’argent, mais par conviction personnelle ».
Avec RFI