Mohamed Ag Intallah ne ferait «plus partie du Mali»: Un cas typique de haute trahison

Elle aura en outre surpris plus d’un observateur de la scène politique malienne, car l’Honorable Mohamed Ag Intallah est député à l’Assemblée nationale du Mali, élu à Tin Essako (Kidal) sous les couleurs du RPM, le parti majoritaire. Il avait jusqu’à là fait montre d’une grande loyauté vis-à-vis de l’Etat malien et s’était toujours montré favorable à l’unité nationale.

La nouvelle de sa défection, publiée par certains journaux de la place, si elle se confirmait, serait constitutive d’un cas typique de haute trahison. La haute trahison étant, par définition, un crime qui consiste en une extrême déloyauté à l’égard de son pays, de son chef d’État, de son gouvernement ou de ses institutions. Il s’agit d’une infraction politique.

Les exemples de haute trahison les plus simples sont la participation à une guerre contre son propre pays, la collusion avec une puissance étrangère, le complot visant par exemple la tentative de coup d’État ou l’assassinat du Chef d’État, la sédition et l’insurrection. Le nouvel Amenokal aurait tourné casaque sous la pression des extrémistes de son clan, notamment son frère cadet, Algabass Ag Intallah, lui-même ex député déserteur de l’Hémicycle et Secrétaire général du HCUA, du chef militaire de ce mouvement, Cheick Haoussa, bras droit d’Iyad Ag Ghaly, et du Colonel Hassan Fagaga, déserteur de la Garde nationale.

L’Aménokal aurait déclaré, à en croire L’Indépendant, le 19 février dernier au cours d’un meeting à Aguelhock, que «Kidal ne fait plus partie du Mali» et aurait battu campagne dans les villes sous contrôle des séparatistes en direction des populations pour qu’elles se considèrent comme faisant partie de «l’Azawad» pour « ne plus compter sur le Mali».

Mohamed Ag Intallah a-t-il cédé aux menaces d’Iyad Ag Ghaly et de ses lieutenants? Ou a-t-il monnayé sa défection contre des espèces sonnantes et trébuchantes et des promesses mirobolantes? S’agit-il des deux à la fois? N’oublions pas qu’Iyad Ag Ghaly s’est immensément enrichi, grâce aux rançons engrangées à l’occasion de la libération de différents otages Occidentaux, notamment Français, dans le Sahel. Et à partir d’autres activités criminelles

Nous avions déjà écrit que tant qu’Iyad Ag Ghaly continuerait à respirer l’air du bon Dieu, les Maliens n’auraient jamais la paix. Nous sommes tristes d’avoir eu raison. Iyad, un type qui a tout reçu du Mali, et qui, en guise de reconnaissance, n’a rien trouvé de mieux que de vouer une haine inextinguible à sa patrie.

Véritable Satan à visage humain, c’est un champion de la manipulation. N’est-il pas en train de manipuler les Occidentaux comme s’il s’agissait de ses petits enfants? Les Etats-Unis ont eu beau l’inscrire sur la liste noire des terroristes, il n’en continue pas moins de se balader dans le Sahel comme dans son jardin personnel.

Il est prêt à être le cheval de Troie de l’EI dans le Sahel. Les Occidentaux, notamment, la France et les Etats-Unis, qui sont à la base de la déstabilisation du Sahel, via celle de la Libye, seraient bien inspirés de ne pas se laisser aveugler par leurs intérêts géostratégiques, de faire preuve de lucidité, et même de clairvoyance et de proactivité, pour barrer la route, à temps, à cette nébuleuse du crime organisé, qui menace la paix et la sécurité mondiales.

Car il faut d’abord être vivant et en sécurité pour pouvoir jouir de ses intérêts. On pourrait affirmer plus prosaïquement qu’il s’agit, en quelque sorte, d’assurer le service après-vente et ne pas penser être à l’abri parce que loin du théâtre des opérations. Le danger peut venir d’où on l’attend le moins, comme on vient de le vivre avec les événements qui ont récemment endeuillé la France.

Les frères Intallah n’en sont pas à leur première trahison. Le cadet, Algabass, avait déjà donné le ton. Il est sidérant de constater qu’aucune mesure de rétorsion n’ait  été prise par l’Etat malien pour empêcher que l’impunité ne prospère. Des gens comme les frères Intallah devraient être traduits devant la Haute Cour de Justice, pour celui qui est toujours député, et la Cour Pénale Internationale, pour l’autre.

Les partis sous les couleurs desquels ils ont été élus devraient, ne serait-ce que sur le plan des principes, se fendre d’un communiqué pour condamner leurs actes et leurs déclarations sécessionnistes, qui sont loin d’être honorables. Au lieu de cela, silence radio sur toute la ligne.

Yaya Sidibé   
Source: Le 22 Septembre 2015-02-26 19:02:26