Mme Siby Ginette Bellegarde « Pas de raison que l’année soit blanche »

Mme Siby Ginette Bellegarde : Les raisons sont simples. Les cours n’ont pas commencé pour 85% dans les facultés, au moment où il se devait, au plus tard le 1er février 2011. Au 1er Mai dernier, 85% des étudiants n’avaient pas démarré les cours, et cela, pour une année qui, en principe devait commencer en Octobre pour se terminer au mois de juin. Nous avons estimé que les deux mois de cours ne peuvent pas valider une année universitaire.

 

A côté de cela de nombreux problèmes de dysfonctionnement que nous connaissons au niveau des structures, le fait que les internats soient en si mauvais état, qu’il faille absolument et le plutôt possible les évacuer. On fait pratiquement d’une pierre deux coups. Nous arrêtons les cours, parce que nous sommes au mois de juillet et que les mois d’Août et Septembre sont traditionnellement les congés, pour les enseignants ; des vacances pour les étudiants qui rejoignent leurs familles. Du coup, il s’agira pour les étudiants de quitter ces bâtiments vétustes pour nous permettre de les réhabiliter.

Donc nous partons vers une blanche madame le ministre ?

Pourquoi utiliser le mot année blanche ? Rien n’est blanc. Il n’y avait que deux mois. On les a consommés et maintenant on dit très naturellement, nous revenons en Octobre pour pouvoir continuer nos études, et préparer une nouvelle année. Cette fois-ci, une année qui sera, je le souhaite bien, normale, académique sur neuf mois avec des évaluations.

Quelles seront les incidences financières de cette décision, pour l’Etat ?  

Je pense qu’actuellement, l’Etat malien met 56 milliards de Fcfa dans le système d’enseignement supérieur. Et nous ne pouvons pas continuer à former des chômeurs. Et donc, même si cela doit coûter un peu plus, nous serons gagnant, tout le monde sera gagnant si nous arrêtons, nous faisons le nécessaire que la gestion soit améliorée, parce que nous cherchons maintenant à acquérir un plateau numérique pour permettre la gestion au niveau des étudiants, des enseignants, des infrastructures, la gestion tout court. Il y aura un coût, mais combien allons-nous gagner avec une gestion rigoureuse, lisible des heures supplémentaires, des bourses, des trousseaux ? Je pense que nous gagnons beaucoup.

Que deviendront alors les boursiers et les  inscrits de 2011 en 2012 ?  

Nous avons pensé  à tout cela. De ce point de vue là, personne ne sera oublié. Puisqu’ils ont été inscrits en  2011, ils ont payé les 5000 Fcfa de frais d’inscription, de ce fait, ils n’auront pas à payer prochainement. Mais simplement, il va falloir qu’ils reviennent pour qu’on les identifie. Chacun devra être identifié pour nous permettre d’aboutir à un effectif fiable. Concernant les bourses, ceux  qui ont droit à la bourse, auront la bourse. Ça ne nous pose pas de problème.

Justement, le boursiers de cette année seront ils payés ?   

Il n’y aura pas de problème de bourses ou de trousseaux. Les boursiers de cette année bénéficieront du report d’année, ils devront bénéficier de leurs bourses.

Madame, à la Faculté  des sciences juridiques et politiques, les examens se déroulent, certains ont même terminé. Est-ce que l’année sera totalement blanche pour eux aussi ?

L’année ne sera pas blanche pour eux. Je ne veux pas parler d’année blanche. Les étudiants ont fait l’effort avec leurs enseignants, leur administration, de travailler de janvier jusqu’en fin juin, ils ont dit avoir dispensé les 80% des cours, ils ont décidé de faire les examens avant la mesure de fermeture. Je pense qu’ils vont faire leurs examens d’ici fin juillet. D’ailleurs ils sont déjà en train, certains ont terminé, il n’y a aucune raison pour que cette année ne soit pas validée.

Pensez-vous que des dispositions seront prises pour qu’en 2012, il n’y ait pas de problème ?  

Nous ferons tout pour qu’il n’y ait pas de problèmes. Ça ne veut pas dire qu’on va tout donner. Nous allons associer étudiants, enseignants, gouvernement autour des textes, autour de toutes ces dispositions que nous allons prendre pour qu’au démarrage, il n’y ait pas de nuage. Maintenant, nous serons aussi attentifs à ce qu’il n’y ait pas de blocage, à ce qu’il n’y ait pas de source de conflit autour des bourses, des heures supplémentaires etc. Je pense qu’il n’y a pas d’autre chemin, il faut y aller. Evidemment, nous aurons un gros travail de sensibilisation, de communication, pour amener toutes les parties (acteurs, partenaires) à aller dans le même sens que nous, à nous accompagner.

Lors de votre rencontre ce samedi avec les étudiants pour leur expliquer les mesures prises, ils  vous ont fait le reproche d’avoir pris cette décision sans les y associer. Que dites-vous ?  

Je me pose la question. Est-ce une protestation ? Assez souvent, on nous a dit au cours des conférences, c’est vous les responsables, c’est le gouvernement le responsable, le gouvernement prend ses responsabilités. Et je  dois dire aussi que nos chers étudiants, ils ont vécu avec nous tous ces évènements, ils ont suivi graduellement l’évolution des choses. Donc, je pense qu’à notre place, ils auraient tiré les mêmes conclusions, même s’ils vont protester.

Et la division de l’Université de Bamako en quatre universités?    

C’est pour permettre à plusieurs responsables de réfléchir sur une gestion efficace de l’enseignement universitaire au Mali.

Les nouveaux bacheliers viendront s’ajouter aux anciens, pensez-vous trouver des places pour tous ?   

Nous travaillons dès maintenant la-dessus pour que tous les étudiants prennent cours et étudient dans les bonnes conditions.

Propos recueillis par Hadama B. Fofana

Le Républicain 18/07/2011