MISE EN PLACE DU COMITE D’EXPERTS POUR RELIRE LA CONSTITUTION  Le Gouvernement na-t-il pas sacrifié la politique sur l’Autel de la technicité ?

Cest par le décret 2019 PM-RM du 14 janvier 2019 que le comité dexperts pour la révision Constitutionnelle a été mis en place. Composé de 11 membres, tous choisis es-qualité, ce comité a pour mission de relire la Constitution du 25 février 1992. Il devra intégrer les nouvelles donnes et être en phase avec les textes de la sous-région. Mais le hic est quil risque de se buter, comme les précédents, à la farouche opposition dune frange importante du peuple. Car, le processus de révision semble non-inclusif et manque la dose politique indispensable pour sa bonne marche.
Cest au moment où le dialogue samorce et que les acteurs politiques semblent être disposés à se retrouver pour parler du Mali, que le gouvernement prend ce décret pour désigner les membres du comité dexperts pour la réforme constitutionnelle. Le Premier ministre, en signant ce décret de nomination de ces éminents juristes et grands constitutionnalistes, a commis lerreur de ne pas tenir compte de lavis du politique et surtout de lOpposition. Il est à rappeler que si personne ne doute de la compétence et de la technicité des honorables personnalités désignées, il faudrait tout de même savoir que la seule technicité ne suffit pas pour une affaire éminemment politique. Aujourdhui, la question que beaucoup se posent est celle de savoir si SBM et son gouvernement ont réellement tiré les leçons des précédents échecs ? La réponse est certainement non. Sinon, ils nallaient jamais envisager le moindre acte tendant à réviser la Constitution sans au préalable se rassurer quil y a un large consensus.
Si tant est que le dialogue souhaité par tous les acteurs politiques était une réalité, il ny a pas de raison quil ny ait pas des juristes et des constitutionnalistes proches de lopposition dans ce comité. Qui aurait crié au scandale en choisissant ces personnalités de qualité de lOpposition et de la société civile telles que : Dr Madou Diallo de lURD, Dr Bréhima Fomba de la société civile, Souleymane Koné des FARE, Hamidou Diabaté du PARENA ? Nous en oublions volontiers. Un tel acte allait, non seulement, être un pas de géant vers la réconciliation, mais aussi et surtout un gage pour un dialogue fructueux entre opposants. Pour rappel, cest par cette manière cavalière que les principaux acteurs de la conférence sociale, à savoir les travailleurs, ont boycotté pour navoir pas été associés en amont. La même cause ne va-t-elle pas produire les mêmes effets ? Le temps nous le dira. Mais, dores et déjà, les signes avant-coureurs dun échec sont perceptibles. Ils sont entre autres la non-inclusivité, labsence du politique et de la société civile et la précipitation.
En somme, le report de la conférence sociale, devrait servir de leçon au Gouvernement pour réunir toutes les conditions afin daller à des réformes consensuelles au grand bonheur du Mali. Le PM qui semble accorder une grande importance à lagenda de la communauté internationale, risque de trouver devant lui la farouche opposition dune frange importante du Peuple.
Youssouf Sissoko
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