Mise en place des autorités intérimaires La succession des évènements annonce la caducité de l’accord

Des évènements tragiques ont fait suite à l’annonce de la mise en place des autorités intérimaires. Il s’agit des manifestations de Gao avec un bilan endeuillé, l’attaque de Nampala, occasionnant un deuil national de trois jours, les affrontements de Kidal entre Gatia et Hcua, avec un bilan très lourd. Il n’y a pas de doute sur le fait que ces évènements et les autorités intérimaires sont liés, donc liés à la mise en œuvre de l’accord. Leur analyse laisse entrevoir une faille fatale à l’accord et l’urgence d’un plan B pour éviter à notre pays de sombrer dans un ultime report de la paix et l’intégrité territoriale.
Le décryptage des derniers affrontements entre Gatia et Hcua aux alentours de Kidal et dont l’un des enjeux est le contrôle de la capitale des Ifoghas, révèle des faits inattendus alors qu’on cherche à mettre en œuvre l’accord. Que le Hcua, membre de la CMA et signataire de l’accord pour la paix et la Réconciliation nationale issu du processus d’Alger, se dévoile comme un bras armé de Iyad Ag Ghaly, le leader d’Ansar Dine est un évènement qui pourrait changer les donnes, et marquer un tournant : la rupture entre les parties et la dénonciation de l’accord dans ses dispositions pertinentes.
Les affrontements fratricides entre Gatia, membre de la Plateforme et Hcua membre de la CMA (toutes parties à l’accord) ont fait des dizaines de morts, depuis seulement l’annonce de la mise en place des autorités intérimaires.

Alors que ces deux groupes armés s’étaient entendus dans le cadre d’un accord d’Anefis en Octobre 2015, conduisant plus tard à l’entrée d’El Hadj Gamou et ses troupes à Kidal, et que les deux groupes venaient de signer à Niamey le 17 juillet 2016, un plan de gestion de la ville de Kidal, la rupture entre les parties à l’accord est connue de tous. Mais ce qui serait surprenant et paradoxale, c’est une unité d’action entre CMA et Ansar Dine, les parties à l’accord étant considérées comme ‘’bons’’ et les non signataires (Ansar Dine de Iyad Ag Ghaly et sa katiba du centre Amadou Koufa) comme des ‘’terroristes‘’.

Notre confrère L’Indépendant dans sa parution du lundi 1er Août, indique au sujet des accrochages meurtriers entre Gatia et Hcua, près de la ville de Kidal, parmi les victimes enregistrées, du côté des ex-rebelles [Hcua] «de nombreux chefs terroristes d’Ansar Dine…, tous très proches de Iyad Ag Ghaly ». Mais ce n’est pas tout. Le nom de la CMA est également lié à l’attaque de Nampala. « De sources sécuritaires, craignant une contre-offensive des éléments du Gatia pour retourner à Kidal, le chef militaire du Hcua, Cheick Ag Aoussa a distribué à ses combattants des armes et munitions prises dans le stock de Nampala lors de l’attaque terroriste qui a visé le camp des militaires dans cette localité, le mardi 19 juillet dernier. Cet arsenal aurait été acheminé dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas… », a écrit L’Indépendant du lundi 1er août. Si ces informations se confirmaient, ce serait la traduction d’une alliance soupçonnée entre la CMA signataire de l’accord et les non-signataires du mouvement terroriste Ansar Dine de Iyad Ag Ghaly et de sa katiba du centre Amadou Koufa. Cette alliance anormale, considérée par certains comme naturelle entre frères du Hcua et d’Ansar Dine, sonnerait pour autant le glas de l’accord pour la paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger. Il est urgent, et pendant qu’il est temps, que la communauté internationale au chevet du Mali observe clairement et envisage une révision profonde de l’accord, suivant une démarche inclusive et son appropriation par les Maliens.
B. Daou