Migration La politique nationale de migration au Mali décriée par l’ARTD

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Selon les conférenciers, ni les conditions de l’élaboration de cette politique, ni la qualité morale de l’organe chargé de sa mise en œuvre ne rassurent guère sur ses résultats. Selon Oumar Kéïta, ce projet du gouvernement malien n’est qu’un saupoudrage orchestré de toutes pièces par le ministère des Maliens de l’extérieur dans le seul but d’attirer les bailleurs de fonds.
Si la résolution du problème de la migration au Mali passe d’abord par une analyse profonde des causes de la migration, les responsables de l’association Retour Travail Dignité restent fort sceptiques sur l’issue heureuse de la bataille que vient de livrer le gouvernement du Mali sur ce front de la migration irrégulière. Ils estiment tout simplement que la migration irrégulière au Mali a de beaux jours devant elle.

Ce jugement de l’ARTD part de deux constats majeurs. D’une part, les responsables de l’association pensent fermement que seuls les anciens migrants connaissent les causes profondes de la migration au Mali et sont mieux placés, pour l’expérience vécue, pour parler avec les futurs candidats à la migration en vue de les en dissuader. Par conséquent, ils regrettent du fait qu’ils n’ont pas été associés ni à l’élaboration du document de la politique nationale de migration au Mali et encore moins impliqués à sa mise en œuvre. « Comment voulez-vous qu’un ministre ou un fonctionnaire de l’Etat aillent parler de migration aux jeunes candidats à l’aventure et qu’ils soient écoutés et entendus.

C’est impossible pour la simple raison qu’ils ne seront pas convaincants», estime le secrétaire à la communication de l’ARTD. Par ailleurs, il regrette aussi que le ministère des Maliens de l’extérieur ne puisse pas penser à une telle initiative avant les tristes évènements du 12 et du 19 avril 2015 sur les côtes libyennes. Pour Oumar Kéïta, la réaction tardive du gouvernement et son penchant à écarter les associations d’ex migrants œuvrant depuis fort longtemps dans ce domaine font croire à un saupoudrage qui vise à faire fortune sur le dos des victimes de la migration.

« Les motivations réelles de cette politique du gouvernement n’est pas de mettre un terme à la migration au Mali. C’est juste un moyen pour le gouvernement de faire de l’argent », a dit Oumar Kéïta. D’autre part, les responsables de l’association s’insurgent aussi contre la décision du ministère des Maliens de l’extérieur de confier la mise en œuvre de cette politique au Centre d’informations et de gestions des migrations au Mali (CIGEM).

Selon le conférencier, les responsables de cette structure ont des antécédents de mal gouvernance, qui laissent à croire aujourd’hui à un échec de cette politique du gouvernement. Rappelons que l’association Retour Travail Dignité est créée le 17 décembre 2008. Composée d’anciens migrants, elle lutte depuis 7 ans pour dissuader les jeunes candidats maliens à la migration.

Youssouf Z KEITA

Source: Le Républicain-Mali