Mali : Un retour au bercail pénible pour les migrants expulsés

« Je suis réduit à un larbin du grand marché pour ne gagner que 500 ou 1000f en fin de journée », déplore Sidi Moctar Kanté, un migrant expulsé de l’Espagne. Il n’est pas le seul à vivre cette situation.  Dans le lot des nombreux rapatriés chaque année, rares sont ceux qui arrivent à se refaire une vie.

« Arrivés ici, ces migrants ont beaucoup de difficultés à s’insérer dans la vie socio-professionnelle, sans oublier les problèmes de santé qu’ont certains », explique Ousmane Diarra, président de l’association malienne des expulsés (AME). Son organisation apporte des soutiens divers aux migrants de retour. Souvent des « premiers soins » aux malades, des vêtements, d’autres fois l’association finance le voyage dans leurs localités respectives.

Avant même de fouler le sol de leur pays d’origine, les migrants en cours d’expulsion bénéficient parfois d’apports financiers. Malheureusement, cette consolation se transforme en désillusion, comme leur rêve d’eldorado. « Le consulat du Maroc nous a retiré les aides financières données par l’Espagne, dénonce le jeune Sidi Moctar. Ils disaient nous les remettre une fois arrivés à l’aéroport de Bamako, chose qu’on a jamais pu retrouver », ajoute-t-il.

Face à ces difficultés, les expulsés reprochent aux représentations diplomatiques maliennes de ne pas jouer leur rôle.

Pour  Sidi Moctar, « le consulat Malien, au contraire, était pour le fait qu’on nous renvoie au Mali », regrette-t-il, malgré ses supplications à l’endroit du Consul.

Au-delà de leur précarité économique, les conditions sociales restent à désirer dans les pays d’origine. Face à cette détérioration de la situation des expulsés, des organisations comme l’AME ou la structure onusienne d’aide aux migrants (OIM) sont les seuls recours. Elles les accompagnent dans les processus de réinsertion socio-économique et les assistent sur le plan sécuritaire et sanitaire.

Malgré toutes les incommodités éprouvées à l’étranger, beaucoup d’expulsés, comme Sidi Moctar Kanté, estiment n’avoir d’autres choix. Retourner, reste la seule solution pour eux.

Doucko Traoré