Les trois défis du nouveau pape

En Afrique, le catholicisme est en expansion, mais l’islam également, tout comme le protestantisme évangélique. En Asie, idem, l’expansion existe dans les pays touchés par le christianisme, tout reste à faire encore pour une religion perçue comme étrangère à la culture dominante.

En Amérique, il s’agit de retrouver un second souffle. Au sud, pour reprendre la main sur les évangéliques protestants qui ont courtisé les classes les plus pauvres, déroutées par les errements de la Théologie de la libération – catholique, et de gauche, importés d’Europe, de France et de Belgique notamment – des années 1980. Une dérive idéologique qui se paye très cher aujourd’hui, que l’Argentin Bergoglio connaît et qu’il devrait savoir maîtriser, puisqu’il est issu de ce sous-continent.

En Amérique du Nord, il s’agit de repartir après la longue crise des prêtres pédophiles. Elle est aujourd’hui en partie traitée, mais elle a fait beaucoup de ravages. C’est donc la confiance qu’il faut maintenant rétablir.

Au Moyen-Orient, enfin, c’est un christianisme historique, mais très vivant, qu’il faut soutenir, avant qu’il ne soit submergé par la montée d’un islam agressif et numériquement supérieur.
Une papauté simple, accessible

Plus globalement, et après le pontificat relativement «intellectuel» de Benoît XVI, ce nouveau pape a aussi été choisi pour sa capacité de contact avec le plus grand nombre.

Les cardinaux ont, en effet, pensé nécessaire de renouer le fil populaire de la papauté, dans le style Jean-Paul II, mais aussi dans la filiation de Jean XXIII et de Jean-Paul Ier. Une papauté simple, accessible. Mais cela reste un défi, car un nouveau style reste à inventer.

À côté de ces trois chantiers fondamentaux – réformer la curie, mener l’évangélisation, imprimer un style de papauté -, le Pape trouve aussi sur son bureau une série de dossiers plus techniques, mais également prioritaires.

Il va devoir les suivre de près, à moins qu’il ne décide de donner une orientation très nouvelle, ce qui est peut-être prématuré. Il y a d’abord les relations avec la Chine, pays auquel son prédécesseur s’était adressé dans son dernier message de Noël. Il y a ensuite la question des lefébvristes vis-à-vis desquels les gestes de Benoît XVI n’ont pas toujours été compris, en raison des déclarations négationnistes de l’Anglais Williamson, prononcées en 1989 puis réitérées pendant le pontificat de Ratzinger. Il y a encore l’attitude à adopter avec l’islam: la conférence de Ratisbonne de Benoît XVI sur la foi et la raison avait déclenché de vives réactions dans le monde avant qu’un voyage du Souverain Pontife, en Turquie, ne calme les esprits.

Et puis, dossier de l’avenir, il y a enfin celui des jeunes. Comme en 2005, quand le pape, à peine élu, avait fondé en quelque sorte une «génération» Benoît XVI aux JMJ de Cologne, François va inaugurer sa «génération» jeunes aux JMJ de Rio de Janeiro, au Brésil. Ce sera en juillet prochain. Une formidable opportunité pour poser et lancer son pontificat à une échelle mondiale

Jean-Marie Guénois

Le Figaro 2013-03-14 13:11:14