Les États-Unis savaient que les Saoudiens tuaient les migrants africains

Ethiopian refugees are pictured at a camp for migrants of African origin in the Khor Maksar district of Yemen's second city of Aden on March 3, 2022. (Photo by Saleh OBAIDI / AFP)

En janvier, Richard Mills, le représentant adjoint des États-Unis aux Nations Unies, a fait une référence indirecte à la question, déclarant lors d’un briefing du Conseil de sécurité sur le Yémen que « nous restons préoccupés par les abus présumés contre les migrants à la frontière avec l’Arabie saoudite ».

« Nous exhortons toutes les parties à permettre aux enquêteurs de l’ONU d’accéder des deux côtés de la frontière pour enquêter de manière approfondie sur ces allégations », a ajouté M. Mills, sans mentionner que les responsables américains, européens et de l’ONU avaient récemment appris le meurtre de nombreux Africains par les forces frontalières saoudiennes.

Sitôt le silence de l’administration américaine révélé, le département d’État a affirmé que les Etats Unis n’étaient pas restés inactifs et qu’ils avaient écrit à plusieurs reprises aux responsables saoudiens pour leur demander des explications.

Le New York Times affirme que c’est la volonté de l’administration Biden de négocier une reconnaissance mutuelle entre l’Arabie Saoudite et Israël qui est à l’origine de ce silence. Les Etats ne voulaient pas tendre à nouveau leurs relations avec les Saoudiens sur une question liée aux droits de l’homme.

Certains membres du Congrès, principalement démocrates, ont vivement critiqué l’Arabie saoudite pour son bilan en matière de droits de l’homme, y compris ses années de guerre au Yémen.

Au Yémen même, il semble que les massacres soient tout sauf secrets. La télévision yéménite aborde le sujet et des images de blessés tournées dans les hôpitaux sont diffusées sur les chaînes et les bulletins d’information.

Nombre de blessés sont retrouvés inconscients au bord de la route et conduits s à l’hôpital avec des blessures qui nécessitent des interventions chirurgicales ou des amputations.

Le rapport sur les migrants disparus de l’Organisation internationale pour les migrations a révélé qu’en 2022, au moins 788 migrants avaient été assassinés près de la frontière saoudienne.

En octobre 2022, un groupe d’experts des Nations Unies a cité des dossiers similaires à ceux de Human Rights Watch qui affirment que 430 personnes ont été assassinées au cours des quatre premiers mois de 2022, et que de nombreuses femmes et jeunes filles ont été violées. Certaines auraient été renvoyées nues au Yémen.

Le royaume saoudien a nié les accusations et a déclaré qu’il avait besoin de plus de détails pour enquêter.

Source: Caroline Bright