Les 33 enfants morts a la pouponnière Ide Bamako : La directrice générale emprisonnée hier

L’affaire des 33 bébés morts à la Pouponnière I de Bamako  qui défraie la chronique depuis plusieurs semaines, a fait sa première sa première victime en la personne de la directrice dudit centre, Mme Diallo Aminata Kéita, qui fut arrêtée hier.  C’est la conséquence logique d’un rapport en date du 17 février dernier dressé par la Brigade des mœurs suite à une série de visites de ses agents.

En effet, suite aux multiples cas de décès des enfants constatés au niveau de la pouponnière I, le Commandant de la brigade chargée de la protection des mœurs et de l’enfance en compagnie de l’inspecteur de police Aïssata Cissé et de l’adjudant Lamine Traoré, y a effectué une première visite le 31 décembre 2010. L’équipe a aussi constaté que tous les enfants souffrent de malnutrition, en ce sens que ceux âgés de moins d’un an ne mangent que du riz. Ils ne portent ni couche, ni habit adapté à la saison pour leur protection contre les intempéries. Ceux âgés de deux ans et plus, après le petit déjeuner n’ont plus droit à un goûter et sont obligés d’attendre 13 heures pour prendre les repas de la mi-journée.

Il ressort toujours du rapport de la Brigade des mœurs que le docteur Kalilou Traoré, interrogé sur l’état de santé des enfants, a indiqué que leur état est dû à la mauvaise qualité du lait qu’ils consomment et cela malgré tous les conseils qu’il a prodigués à la directrice sur l’alimentation des enfants. Trois enfants de moins d’un an présentent une fracture aux jambes en raison de l’utilisation des berceaux en bois non adaptés. Le rapport ajoute que le manque d’hygiène et de personnel d’encadrement constitue un sévère handicap à la bonne marche de la structure et tiennent leur part dans les maladies dont souffrent et meurent les enfants.

Après la première visite de l’équipe de la Brigade des mœurs à la pouponnière I, suite aux récurrents cas de décès d’enfants, une seconde visite a été effectuée le mardi 7 février 2011 par des enquêteurs du même service.

Les visiteurs, après leur premier passage et au regard des recommandations formulées, avaient espéré une certaine amélioration. Il n’en était rien. Le rapport qu’ils dresseront suite à cette deuxième visite est formel :  » nous n’avons constaté aucune amélioration des conditions par rapport à la première visite. Seule la quantité de viande consommée est passée d’un demi-kilogramme à un kilogramme par jour. Et ce, pour dix kilogrammes de riz par jour, constituant le déjeuner des enfants et de tout le personnel soit plus d’une soixantaine de personnes « .

Le rapport ajoute: » Les cuisinières nous ont confié que les vingt cinq enfants en âge d’aller à l’école n’ont droit qu’à quatre miches de pain pour le petit déjeuner. Quant aux nourrissons, leurs besoins en lait ne sont couverts qu’à moitié. Conséquences : trente trois cas de décès pour malnutrition d’août 2010 à ce jour « . C’est-à-dire au moment de l’élaboration dudit rapport, au mois de février 2011.

La Brigade des mœurs, dans son rapport adressé à la Direction de la police judiciaire, a tenu à faire toute la lumière sur les circonstances des décès d’enfants survenus à la pouponnière I. Elle poursuit dans ledit rapport:  » Interrogé par nos soins sur les causes de décès au niveau de la pouponnière I, le responsable du service médical dudit service nous a confié que plus de la moitié des cas de décès constatés est due à la dénutrition, la déshydratation et le manque de soins et d’hygiène et que les apports nutritifs apportés ne couvrent pas les besoins des enfants « .

Et d’ajouter:  » Pour corroborer cela, il nous a remis une copie de la lettre qui lui a été adressée à ce sujet par le docteur Simpara Aminata Doumbia du Service pédiatrique de l’hôpital Gabriel Touré « .

Il est devenu donc urgent et nécessaire pour les autorités du pays de prendre les mesures qui s’imposent. C’est ce qu’elles firent hier en arrêtant la première responsable de la tragédie, Mme Diallo Aminata Kéita. On dit d’ores et déjà que d’autres interpellations vont suivre et il serait envisageable une interpellation de l’ancienne ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Maïga Sina Damba accusée d’avoir tenté d’étouffer l’affaire.

Rassemblés par  ABD

L’ Indicateur Renouveau 27/05/2011