Le Mali va mal Mobilisation internationale autour du grand malade


A part les Etats Unis, qui continuent, officiellement du moins, à préconiser des élections d’abord afin de doter le pays d’un pouvoir légitime et démocratique avant d’entamer la reconquête des régions du Nord, les autres membres du Conseil de Sécurité, avec en tête la France, sont résolument engagés à soutenir « toute action visant le rétablissement total de l’intégrité territoriale du Mali » dans les meilleurs délais. La Chine, la Russie, la Grande Bretagne, l’Allemagne, l’Union européenne, entre autres, ont ouvertement manifesté leur entière disponibilité à « soutenir et à accompagner » le Mali pour bouter les extrémistes salafistes des 2/3 du territoire qu’ils contrôlent depuis la débâcle de l’armée malienne au tout début de l’année 2012.

Aussi, depuis des mois, de la Cédéao à l’ONU en passant par l’Union africaine, la crise malienne fait l’objet d’intenses activités diplomatiques. La 67e Assemblée générale des NU, tenue à New York le 25 septembre dernier, suivie d’une conférence internationale sur la sécurité au Sahel dès le lendemain, jamais, question africaine n’avait suscitée autant de mobilisation de la part des « grands » de ce monde. En tête de file se trouve naturellement la France, dont le président François Hollande a utilisé des mots très durs pour décrire l’urgence et l’extrême gravité de la situation au Mali et au Sahel.

A ce sujet, tout en dénonçant l’immobilisme des NU dans la gestion de la crise au Sahel, en général et particulièrement au Mali, le président français a mis l’accent sur « l’urgence à intervenir » pour circonscrire les graves menaces qui pèsent sur la sécurité internationale à partir des activités terroristes qui se développent actuellement dans le Nord du Mali. « La France soutiendra toutes les initiatives permettant que les Africains eux-mêmes règlent cette question dans le cadre de la légalité constitutionnelle avec un mandat clair du Conseil de sécurité. Il faut que le Mali retrouve l’intégrité de son territoire et que le terrorisme soit écarté de cette zone du Sahel », a-t-il déclaré dans son discours à la tribune de l’ONU mardi dernier.

« Nous avons le devoir d’agir, d’agir ensemble et d’agir vite, car il y a urgence », a poursuivi le président français, qui milite pour une résolution rapide du Conseil de sécurité donnant un mandat d’intervention militaire à la Cédéao, en accord avec Bamako et avec « un soutien logistique de la France », « pour permettre au Mali de retrouver son intégrité territoriale ».
Comme on peut le constater, la communauté internationale s’apprête à apporter tout son soutien au Mali pour libérer la partie de son territoire aux mains des intégristes et autres narcotrafiquants.

Mais qu’en est-il au sud du pays ? Pendant que le monde entier se préoccupe de présent et de l’avenir de notre pays, la situation n’est malheureusement pas encore totalement stabilisée au sud dans la mesure où pas plus tard qu’hier mercredi, des policiers en armes se sont tirés dessus dans la capitale, les uns accusant les autres d’avoir bénéficié « de faveurs indues » à cause de leur seule proximité avec l’ex-junte.

Aujourd’hui, plusieurs témoignages corroborent dans le sens de la confirmation de cet état de fait. Ainsi, des sergents auraient été promus au grade d’inspecteur de police et d’autres auraient été bombardés « commissaires » avec comme seul mérite « d’avoir été là » aux côtés des putschistes au moment des événements.

Si tout cela se vérifiait à la lumière de la publication du décret pris à ce sujet, on se demande à quoi aura donc servi le coup d’Etat du 22 mars finalement ? En effet, si les mêmes pratiques de favoritisme et de clientélisme, qui ont servi de prétextes pour conduire le pays dans la déchéance actuelle, devraient continuer, il y a lieu véritablement de désespérer du Mali. Il n’y a aucun mérite et aucun honneur du fait de bénéficier d’un avantage dont on sait indu.

Le Mali nouveau auquel les citoyens rêvent au sortir de la présente crise, doit bannir de ses habitudes tout ce qui peut être source de frustration, d’injustice et de traitement inégalitaire entre ses fils. La récompense doit être fonction et à hauteur du seul mérite.
Il est temps et oui grand temps, que l’on sorte de ça, définitivement !

Ibrahima Sidibé

L’ Indicateur Du Renouveau 27/09/2012