LE MALI AU BORD DU CHAOS Sommes-nous atteints dans notre capacité d’initiative ?

Il y a quelques jours je visionnais une vidéo dans laquelle le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne disait que, dans une étude de l’IFAN, 75 % des jeunes interrogés souhaitent partir hors de leur pays dans les années à venir. Et le philosophe estimait que ce n’est pas le fait de partir qui est plus important que l’état d’esprit que cela traduit.

Selon le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne, cela voudra dire que ces jeunes, confrontés aux difficultés de leur environnement, ont perdu toute initiative d’action pour trouver une solution à ces problèmes. Ils choisissent donc la fuite en avant. «Vous avez une population atteinte dans sa capacité d’initiative elle-même. Être atteint dans son corps, c’est suffisamment grave ; mais être atteint dans sa capacité de réagir à ce qui vous arrive c’est pire» disait-il.
Avec le massacre de Soubane Da (Sangha/Bandiagara) du 9 au 10 juin 2019, cette réflexion me fait penser à la situation du Mali face à l’insécurité dans le pays. C’est comme si nous, avec nos dirigeants, étions atteints dans notre capacité à réagir aux situations de tueries qui montent crescendo. Les massacres de masse ont fait passer pour anecdotiques les assassinats ciblés d’individus bien ciblés pratiquement tous les jours dans différents endroits du pays.
Ce ne sont pas les communiqués du gouvernement après chaque cas qui rassure, au contraire ! Même quand on croit qu’il veut reprendre l’initiative, cela reste sans effet. Dan Nan Ambassagou (!) est là pour le prouver. En début de week-end, on a ainsi appris que des personnalités ont été chargées par le gouvernement de conduire le processus du dialogue politique inclusif.
Pourquoi depuis 2013, une ou plusieurs initiatives n’ont-elles pas été mise en œuvre sur la crise sécuritaire surtout sur les mesures d’anticipation des crises sociales évidentes ? Le pays est resté sous tutelle croyant que c’est cela qui pouvait l’aider à sortir de crise. Les tutelles par définition sont faites pour servir des intérêts du/des tuteur/s, jamais ceux de celui ou ceux sous tutelle. Ainsi, l’Etat du Mali est devenu son propre otage.
S’il y avait une seule chose à faire, Dr. Boubou Cissé et les membres du gouvernement si votre souci est de sortir le Mali de cette spirale infernale, reprenez au nom du Mali l’initiative. IBK, votre garant est à bout de souffle et ne peut rien impulser en dehors des discours de mise en garde. Vous pouvez pousser le «Vieux» à l’action car lui-même est atteint dans toutes ses capacités d’initiative.
Mais, le Mali doit à tout prix reprendre sa capacité d’initiative, et très rapidement ! Au début de la crise, chaque malien avait sa solution. Mais, à ce jour tous se sentent comme dépassés par l’ampleur et la gravité de la situation. C’est le bon moment pour les «génies» de se manifester ! «Mogo kelen hakili kelen, mogo caman hakili caman» !
Que l’expression ne se fasse pas dans la cacophonie, mais dans un cadre organisé capable d’écoute active et de synthèse pour l’action
Sidi Coulibaly
Ouagadougou/Burkina Faso