Le Liban meurtri, compte sur la solidarité de son importante diaspora dans le monde, dont 1,2 million de personnes en Afrique

Depuis la fin du XIXè siècle, plusieurs vagues d’immigration libanaise se sont succédées sur le continent africain. Cette diaspora forte d’1,2 million de personnes, joue un rôle économique important dans la plupart des pays de l’Afrique de l’ouest.

Les quelque 14 millions de personnes d’origine libanaise éparpillées dans le monde envoient, selon la Banque mondiale (BM), entre 6 et 8 milliards de dollars chaque année à leur famille restée au pays. Argent qui alimente le système bancaire de Beyrouth.
Une étude, datant de 2009, estimait les transferts de la diaspora à 22% du PIB libanais. S’ils ont essentiellement pour origine les États-Unis, le Brésil, le Proche et Moyen-Orient ou l’Europe, l’Afrique de l’Ouest participe également à ces transferts.

Plusieurs vagues migratoires

Dès la fin du XIXe siècle, l’accroissement démographique, les conflits confessionnels et le refus de la conscription dans le Levant sous domination Ottomane provoquent une première vague de départs essentiellement vers l’Amérique latine.

La plus importante communauté libanaise, ou d’origine libanaise, est installée en Amérique latine, en particulier au Brésil (6 000 000). L’Argentine (1 500 000), la Colombie (840 000) et le Mexique viennent ensuite. Dans ces pays, ces Libanais constituent une quatrième génération parfaitement assimilée avec souvent de hautes responsabilités économiques et politiques.

Il y aurait environ 300 000 Libanais installés en Afrique de l’ouest, dont au moins 80 000 en Côte d’Ivoire, 40 000 en Guinée et 30 000 au Sénégal…. On dénombrait déjà en 1897 dans la ville de Dakar, une dizaine de « colporteurs libanais ».

Une deuxième vague d’immigration de commerçants et d’intermédiaires, commence au début du XXè siècle, en partie sollicités par la France, afin de renforcer sa présence économique dans cette partie du continent.

La troisième vague d’émigration débute à partir des années 1960, puis se poursuit durant la guerre civile libanaise (1975-1990).

Au début du XXème siècle, la première activité économique des Libanais était le commerce de tissus, d’arachide, d’articles divers. Aujourd’hui, leurs fils ou leurs petits-fils s’activent dans d’autres domaines comme le transport, l’industrie, l’alimentaire, l’immobilier et tant d’autres.

Au Sénégal, on compte aujourd’hui dans cette communauté des centaines de médecins, d’avocats, de pharmaciens, d’ingénieurs, d’enseignants, des députés et des ministres. Très présents dans les professions libérales et l’industrie, les Libanais sont devenus les premiers investisseurs du Sénégal. En Côte d’Ivoire, ils seraient à la tête de 1 500 sociétés commerciales et industrielles.

Un rôle central dans les économies ouest-africaines

D’une manière générale, les acteurs économiques et sociaux libanais représentent une partie substantielle du dynamisme ouest-africain. En Côte d’Ivoire, environ 60% du parc immobilier serait détenu par la communauté d’origine libanaise, notamment à Cocody ou à Marcory. Le secteur de la distribution (80%), le secteur industriel (40%), le commerce (75%) ou l’exploitation forestière (55%).

Concurrencés dans les années 90 par l’arrivée des commerçants chinois à Dakar ou Abidjan, les grossistes libanais disparaissent progressivement de ces secteurs pour se réorienter vers l’industrie, les transports et les services.

Entre 1991 et 2005, la diaspora libanaise aurait été multipliée par 5, passant de 2,5 à 13 millions d’individus environ dans le monde, dont 1,2 million sur le continent africain selon l’universitaire Gérard-François Dumont. Alors que la population du Liban ne dépassait pas les 4,5 millions d’habitants en 2005, ils sont 6,5 millions aujourd’hui.

Un lien toujours fort avec le Liban

En Afrique, ces communauté essentiellement chiites ont préservé leur identité culturelle et leur lien avec le pays du cèdre. « Quelle que soit la qualité de son insertion dans les sociétés d’accueil, la diaspora libanaise manifeste toujours sa double allégeance en se souciant de l’avenir politique et économique du pays d’origine. Cela s’est traduit, tout au long de l’histoire contemporaine du Liban, par l’aide apportée par la diaspora à la mère patrie, surtout aux moments les plus difficiles » écrivait en 1994 l’universitaire Mohamed Amir Abdoulkarim.

Après la catastrophe qui vient de toucher Beyrouth, le Liban peut compter sur la solidarité de son importante diaspora tant en Afrique que dans le Monde.

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