L’Afrique prend le pari des investissements directs diasporas (IDD)

Par Samir Bouzidi, Ethnomarketer & expert international en mobilisation des diasporas africaines. Entrepreneur engagé – fondateur de la startup solidaire “Impact Diaspora”.

Si les diasporas africaines étaient une puissance africaine, elles seraient en termes de PIB l’équivalent du Ghana voire même du Maroc par leurs transferts financiers et toutes leurs contributions réunies (investissements, immobilier, tourisme…). Aujourd’hui, Il est indéniable que le poids socioéconomique de ces dernières, la stabilité de ses flux financiers avec notamment ses vertus contracycliques font du bien au continent alors même que le potentiel réel de ces dizaines de millions de migrants africains et leurs descendants reste très largement incompris et inépuisé…

C’est tout le sens du nouveau « diaspora round » qui tend à ériger les diasporas comme partenaires stratégiques voire de « nouveau pétrole » pour des pays africains en mal de souveraineté économique et de développement inclusif… Par ces temps particulièrement calamiteux, nécessité fait plus que jamais loi ! Et après avoir tant contribué à faire grandir leurs familles par des transferts généreux (80 Milliards usd en 2019), les diasporas africaines sont désormais ardemment invitées à développer l’économie de leur pays d’origine par les contributions multidimensionnelles qui les caractérisent : investissements, épargne, tourisme, retour des hautes compétences (médecins, ingénieurs…), soft power…

Le difficile apprentissage des agences d’investissement
Et en première ligne se trouvent désormais les agences publiques d’investissement confrontées stratégiquement à des « néodiasporas » plus qualifiées et plus dotées mais plus exigeantes. Pour l’heure et à défaut d’une démarche structurée, les agences gouvernementales s’essaient sur des opérations tactiques ciblant les diasporas économiques non sans déplorer des retours d’impacts très mitigés. Car comme pour le pétrole, il faut prendre le temps d’étudier les potentiels et savoir cibler sous peine de forer à côté…Or la majorité des API (agences publiques d’investissement) se sont pour l’heure contentées d’adopter vis-à-vis de la diaspora, les mêmes approches, règles et process que ceux en vigueur pour les IDE ! En un mot, elles n’ont pas pris la mesure de construire une démarche structurée et dédiée aux Investissement direct diasporas qui ne soit pas qu’une simple déclinaison de « l’offre » IDE. « …mais les investisseurs de la diaspora sont très différents de ceux qu’on voit habituellement sur les IDE, en termes de profils, moyens, process de décision et aspirations…Sur ce segment, il y a un coût d’apprentissage que les API commencent à intégrer ! » remarque Samir Bouzidi, CEO d’Impact diaspora, une startup spécialisée dans l’engagement 2.0 des diasporas africaines ;

Différences entre un investisseur étranger et celui de la diaspora ?
Car oui les diasporas économiques ont leurs singularités que les pays d’origine sous-estiment bien trop souvent. En premier lieu, ces enfants du pays connaissent plus subjectivement et de l’intérieur l’écosystème local via leur famille, les témoignages de leurs semblables et les voyages réguliers au pays d’où une certaine pondération à la décision voire un attentisme. Eux-mêmes ne sont que rarement entrepreneurs dans leur pays d’accueil et précisément l’investissement au pays d’origine est une opportunité de redonner un sens nouveau à leur carrière (et leur vie) voire de mieux vivre leur double appartenance tout en démontrant leur réussite sociale ! Aussi, ils ne dépendent bien souvent que de leurs propres économies qu’ils n’ont pas les moyens de perdre ce qui explique des tickets d’investissement moyens se situant en deçà de 50 000 euros…Sur les grands investissements, ils ont tendances à se positionner davantage comme des influenceurs, prescripteurs et/ou partenaires techniques. Enfin, nos observations menées sur une dizaine de pays d’Afrique du Nord et Afrique subsaharienne, montrent assez nettement les préférences des entrepreneurs diasporiques pour les secteurs naturellement tournés vers l’international (NTIC, export, tourisme alternatif, conseils aux entreprises…) et/ou à fort impact sociétal (NTIC, agriculture/agri-business, loisirs & industrie culturelle, économie sociale…)

Pour s’implanter durablement auprès de leur diaspora, les API ont donc intérêt notamment à intégrer conceptuellement toutes ces spécificités et respecter la chaîne d’engagement propre à cette diaspora économique au prix d’une démarche structurée. A commencer par satisfaire le premier besoin clé de ces dernières qui, bien avant le financement et la recherche du partenaire de confiance, vise à identifier et maturer une opportunité concrète au pays d’origine. Et en l’absence de médias économiques et financiers fiables dans la plupart des pays africains, les API ne doivent pas hésiter à pallier ce manque structurel par la production et diffusion ciblée de contenus en phase avec les besoins, codes et standards techniques de la diaspora…

Rendez-vous le 03 novembre…
Tout ce programme et autre sera développé lors de la visioconference autour du « Mieux comprendre et mieux mobiliser la diaspora ! » réservée aux API africaines, en date du 03 novembre prochain. Une conférence-formation initiée par Impact Diaspora en partenariat avec Deloitte, LAfricaMobile, Finacialafrik, la GIZ et le réseau RIAFPI des agences publiques d’investissement en Afrique francophone ( + d’infos : https://www.financialafrik.com/2020/10/02/conference-formation-la-mobilisation-des-diasporas-au-programme-des-agences-publiques-africaines-dinvestissement/ )

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