La jurisprudence Diendiéré

adam thiam

 

D’ailleurs, en verve devant la presse, Diendiéré qui exclut toute responsabilité de son ancien Compaoré a tout fait hier pour consolider le fait accompli : fermeture des frontières de son pays et institution du couvre-feu alors qu’étaient donnés les premiers bilans sur le coût humain des évènements : trois morts, des dizaines de blessés et rien ne dit que ces chiffres n’évolueront pas.

Diendiéré qui ne donne pas de date pour les élections peut-il s’en tirer impunément là où le Capitaine Amadou Aya Sanogo a été contraint de passer la main aux civils en 2012 ? Hollande a parlé : pour lui rien ne justifie le coup: des élections générales étaient annoncées, le collège électoral était convoqué, les candidats étaient connus ; « le processus dit-il, était en cours ». Pourtant, hors de questions d’envisager toute action militaire française contre les putschistes.

Condamnant le coup de force et appelant le peuple à se mobiliser « pour défendre la démocratie », l’Union pour le Progrès et le Changement de Zéphirin Diabré, un des candidats vedettes du processus interrompu, « exige le retour sans délais de l’ordre constitutionnel et de la légalité républicaine ». Même indignation chez Roch Kaboré, l’autre présidentiable qui « exige la libération immédiate et sans condition du gouvernement » tout comme le respect du calendrier électoral. La Cedeao, l’Union africaine, l’Onu dont le représentant ouest africain, Ibn Chambas est à Ouaga, ont toutes donné de la voix.

Mais nous sommes loin de l’élan unanime de condamnation et de mobilisation contre le putsch qui en 2012 a renversé le président malien Amadou Toumani Touré. Et encore plus loin de l’union sacrée que le Burkina a opposée à Compaoré, voici bientôt un an. Pourtant, le précédent est terrible : un coup d’Etat contre la Transition, même si elle était à deux doigts d’aboutir!

Adam Thiam

Le Républicain 18/09/2015