LA CORRESPONDANCE  DU CHEF D’ETAT-MAJOR GENERAL DES ARMEES FAIT POLEMIQUE L’Armée est-elle sur le point de  lâcher IBK ?

Une correspondance du Chef d’Etat-major Général des Armées adressée aux chefs d’Etats-majors et Directeurs de services avec comme objet les dispositions sécuritaires à prendre pour la manifestation du vendredi 5 juin 2020, a fait le tour des réseaux sociaux et semble créer polémique et susciter une inquiétude  au sommet de l’Etat. Cette correspondance, à en juger par sa forme, est une correspondance d’une armée républicaine et responsable qui est au service exclusif du peuple, mais par son fond, elle donne une sueur froide aux hautes autorités qui l’assimileraient à une allégeance aux manifestants. Pourquoi cette correspondance suscite-t-elle autant de polémiques ? Est-ce le début de la prise de conscience de l’armée, après les errements qu’elle a commis par le passé ? Voudrait-elle être à équidistance de toutes les tendances politiques pour affirmer sa neutralité ?

En substance, voici ce qu’on pourrait lire dans la correspondance : « Une manifestation est prévue à Bamako le vendredi 5 juin 2020 à 14 h00. A ce titre il convient de sensibiliser les hommes placés sous vos ordres afin qu’ils restent en marge d’un tel évènement et qu’ils adoptent les mesures suivantes : 1- rester au camp et ne sortir que par stricte nécessité auquel cas en informer la permanence. 2-  Au besoin, se mettre en tenue civile pour aller en ville et rester loin des manifestants. 3- Mettre en place les piquets d’intervention au niveau de l’armée de Terre, de l’Armée de l’Air, de la Garde Nationale, de la Gendarmerie Nationale et du Génie Militaire. 4- les piquets doivent être dotés des véhicules d’intervention. 5- les piquets ne doivent intervenir que sur ordre du Major de  garnison sous l’autorité du Chef d’Etat-major des Armées ou sur la base de réquisition signée des autorités compétentes. ».

Doit-on trouver à redire après une telle correspondance à la fois responsable et professionnelle surtout face à une manifestation des hommes politiques mains nues ? Cette dépêche qui a fait le tour de la toile a donné du baume au cœur des manifestants et les a rassuré d’un déroulement sans heurts.

Si les contestataires ont applaudi des deux mains l’attitude responsable et professionnelle des forces de maintien de l’ordre, tel ne semble pas être le cas au sommet de l’Etat qui aurait  interprété cette attitude comme un sabotage, voire une allégeance aux manifestants.

En somme, nul ne doit perdre de vue que l’armée est une entité de la société et par conséquent elle ne saurait suivre la tête baissée et de façon permanente un homme ou un régime.

Youssouf Sissoko