LA CLASSE POLITIQUE EST FAVORABLE A UNE TRANSITION CIVILE Le CNSP va-t-il enfin se résoudre à remettre le pouvoir aux civils ?

Décidemment, Assimi Goita et ses hommes n’ont plus assez de marge de manœuvre et leurs jours semblent désormais comptés au pouvoir. Tel parait être la volonté d’une écrasante majorité de la classe politique malienne et de la communauté internationale. Et pourtant, les auteurs du coup d’Etat  ont été accueillis comme des héros le 19 Août soit quelques heures après leur opération coup de grâce qui a permis de débarrasser le Mali d’un régime corrompu et incapable d’IBK. L’effervescence a été de courte durée quand les jeunes officiers ont commencé à se faire découvrir et à poser certains actes qui sont aux antipodes de la révolution pacifique menée  par une frange importante du peuple. La communauté internationale, avec à sa tête l’O.N.U, a été la première à s’indigner d’un changement anticonstitutionnel, avant d’être rejointe par les autres organisations comme l’U.A et la CEDEAO. Cette dernière est allée loin en lançant  un Ultimatum qui  expirera le lundi 7 septembre 2020, pour que la junte rende le pouvoir aux civils.

L’étau se resserre véritablement  autour du colonel Assimi Goita, Président du CNSP et ses hommes. Et sans être un oiseau de mauvais augure, leurs jours à la tête du Mali semblent désormais comptés, tant la pression est grande  au dedans comme au dehors. Devant une communauté internationale hostile au pouvoir Kaki, le salut du CNSP ne pourrait venir que du peuple malien. Seul le soutien du peuple pourrait leur permettre de faire une sortie honorable, alors que pour avoir ce soutien il faut, au prime abord, accepter de céder le pouvoir aux civils, secundo regagner les casernes ou tout au moins diriger un organe militaire de redressement de l’armée qui sera taillé à leur mesure. Donc, il leur revient de saisir l’occasion qui est celle des concertations pour remettre le pouvoir aux civils et de continuer à jouer le rôle d’arbitre.

Que les mutins  soient sourds aux chansons des laudateurs et autres opportunistes qui ne cesseront jamais de leur faire miroiter la possibilité de gérer la transition.  Ce sont Ces mêmes  gens qui ont fait croire à IBK qu’il a leur soutien, avant de lui tourner dos et de défiler sur le petit écran pour condamner du bout des lèvres le coup d’Etat, avant d’aller s’inscrire sur la liste du CNSP afin d’avoir une audience  pour aller apporter leur soutien à la junte. Ils ont déjà réussi à mettre dos à dos le CNSP et leur principal allié le M5 RFP et continuent à être à la manœuvre pour pousser Assimi Goita et ses hommes à la faute, en voulant diriger la transition. Aucun mouvement, aucun parti politique ne pourraient garantir au CNSP son soutien contre vents et marées pour la gestion de la transition par la soldatesque.

Ceux qui voudraient que le CNSP dirige la Transition sont dans leur grande majorité composés d’anciens dignitaires du régime IBK, qui ont peur d’être épinglés par le nouveau régime. Donc ayant à faire avec des jeunes officiers inexpérimentés, ils pensent pouvoir tirer la couverture sur eux. Certains, parmi ces nostalgiques de l’ancien régime, ne souhaitant pas s’attirer la foudre de la CEDEAO, essaient de  jouer  à l’équilibrisme en disant oui, du bout des lèvres, à une transition civile, mais en conditionnant leur soutien à l’option de la CEDEAO par une transition dirigée par une personnalité neutre et apolitique. Ou tout au plus, ils proposent une transition civilo-militaire. Cette dernière proposition serait faite à dessein  afin que les quelques civils qui y figureront soient noyautés par les militaires.

Les jeunes officiers doivent comprendre que le pouvoir Kaki est non seulement révolu, mais aussi et surtout qu’il est difficile de parler  politique en dehors des acteurs politiques. Ceux qui, pour des calculs électoraux,  veulent que la junte militaire dirige la transition, sont loin d’être ses amis, mais ils ne sont que des opportunistes qui veulent se servir d’elle.

En définitive, le CNSP du colonel Assimi Goita a tout intérêt à remettre le pouvoir aux civils et cela dans un bref délai afin d’éviter au Mali et aux maliens non seulement  les affres de la sanction de l’organisation sous régionale, la  CEDEAO, mais aussi et surtout pour avoir une retraite dorée après la courte durée passée au pouvoir. Tout autre schéma serait  suicidaire.

Youssouf Sissoko