Gouvernement de Transition: Comment Choguel peut-il profiter de la lassitude ambiante ?

Durement éprouvés par la crise que traverse le pays depuis 2012 et qui s’est exacerbée à partir de 2020, la classe politique et les acteurs de la société civile maliens ont fini par se résigner et décidés à « aider » les autorités de la transition à remettre le pays sur les rails.

Le nouveau Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga, pourrait tirer profit de ce contexte difficile mais d’accalmie sociopolitique.

Pour plusieurs chapelles politiques et des organisations de la société civile, le Mali est si éprouvé aujourd’hui qu’il faut « accompagner la Transition », même si l’on a des motifs de contester des pans de la gouvernance.

C’est ce qui explique cette forme de « pédale douce »dont usent plusieurs pôles politiques face aux réserves qu’ils ont formulé par rapport au gouvernement Choguel Kokalla Maïga.

En effet, malgré la déception qu’a suscitée la formation de cette équipe gouvernement, qui n’a pas été inclusive, comme promise, de nombreux états-majors se sont refusé à la rejeter.

La plupart des regroupements politiques se sont contentés de « prendre acte » de la composition de ce gouvernement, qui n’a même pas respecté ni la Charte de la Transition, ni les recommandations du Dialogue national inclusif.

Puisqu’avec 28 membres, l’effectif maximal de 25 portefeuilles a été dépassé.

En outre, l’exigence d’inclusivité pour le gouvernement devrait permettre aux acteurs sociopolitiques de se rassembler davantage pour faire face aux défis du moment et conduire le pays vers des réformes et des élections consensuelles.

Cette exigence, relayée avec force par les partenaires du pays, n’a pas pu être respectée.

Ceci, dans la mesure où l’ossature du gouvernement n’est finalement constituée que deux entités majeures : les militaires et le  mouvement M5-RFP, tombeur du régime IBK.

En plus, même au sein du mouvement M5-RFP, certains partis politiques s’estiment avoir été exclus de la composition de l’équipe, des CV de leurs cadres ignorés. Sans compter, que par rapport à la dynamique du changement et du renouveau du Mali, les observateurs sont restés sceptiques quant aux hommes et femmes nommés au sein du gouvernement.

Certains analystes se sont même offusqués du retour de l’ancien chef de la diplomatie malienne, signataire de l’Accord d’Alger sous IBK, au ministère des Affaires étrangères. Sans oublier que des récriminations similaires sont faites sur le casting de certains cadres, dont la compétence et l’expertise sont mises en doute.

Tous ces éléments d’appréciation ont suscité des réserves de la part de différents regroupements, comme l’ancienne majorité présidentielle, l’alliance EPM, la COFOP, l’ARP, le FSD-SAP et des partis non alignés, qui ont exprimé leur déception, mais se sont abstenus d’entrer dans une adversité frontale avec Choguel.

Ce climat de résignation doit être mis à profit par le chef du Gouvernement pour rassembler la classe politique en vue de parvenir à un véritable modus vivendi de sortie de crise. Choguel doit tendre la main à tous ses interlocuteurs des forces vives du pays pour poser les jalons des réformes politiques, de la préparation des élections et surtout pour décrisper le front social.

En s’entourant de cadres issus de tous les bords sociopolitiques et en nommant des technocrates compétents et de probité reconnue par tous, en travaillant en parfaite intelligence avec les premiers responsables de l’ex-junte, le Premier ministre peut relever le défi de la réussite de la Transition.

Baba Djilla SOW