Fête du ramadan / La ruée vers les marchandises

Les derniers jours du mois de Ramadan ont déclenché le compte à rebours pour la fête de l’Aïd El Fitr, comme en témoigne l’ardeur commerciale constatée au niveau des marchés de Bamako. Les dépenses promettent comme à l’accoutumée d’être décuplées surtout que  les prix des tissus, comme ceux des produits de consommation, ont enregistré des hausses notoires créant une psychose chez les ménages. Certains ont pris d’assaut les marchés pour faire leurs courses de la fête avant que les prix n’atteignent leur niveau le plus élevé dans les derniers jours du jeun ou en plus de la hausse des prix, les marchés envahis par des marées de clients deviennent également inaccessibles.

C’est donc un coup dur qui attend les chefs des familles aux revenus faibles, aggravé encore plus par la crise.  Déjà les marchés refusent du monde promettant des foules énormes dans les prochains jours. Et comme d’habitude, les tailleurs et les teinturiers subissent une forte pression de la part des clients pour travailler de manière quasi ininterrompue afin de profiter de cette aubaine.

Puisqu’après la fête, toute cette verve tombera d’un cran. Les ateliers de couture sont remplis, les tailleurs très enthousiastes  sont disposés à satisfaire la demande de milliers de clients aux gouts très différents. Certains travaillent même le soir pour terminer des commandes faites la veille dont les déposants sont pressés d’avoir leurs habits neufs au plus vite possible. «  C’est le rush, je travaille nuit et jour pour être dans les délais  »,  explique Moussa  Kanouté, tailleur. Nonobstant  les  discours rassurants du gouvernement, la double crise que nous traversons est devenue un prétexte pour les commerçants pour augmenter les prix.

Les femmes issues de ménages pauvres se moquent de cette flambée et comptent comme leurs consœurs nanties à se payer de beaux bazins et tissus. Celles qui ne peuvent trouver auprès de leur époux l’argent nécessaire à ces commissions piquent des crises de colère et conduisent leurs maris à s’endetter pour satisfaire leurs caprices. D’autres plus objectives et moins complexées s’adonnent à des activités rentables. C’est le cas de cette femme, Habibatou Diallo, rencontrée au grand marché de Bamako, Puisque son mari est un maçon de profession, père de 4  enfants, et qu’il ne peut pas satisfaire tous leurs besoins, elle s’est adonnée au commerce des fruits pour pouvoir payer des vêtements neufs à toute la famille.

Madiassa Kaba Diakité

Le Republicain

(16 Août 2012)