FACE A «LA DATAFICATION DU MONDE» : Privilégier les réflexes professionnels pour se maintenir à flot !

«Aujourd’hui, ce monde a changé. Il ne se raconte plus seulement dans les faits, mais aussi dans les flux. Les données sont devenues la nouvelle matière première du réel. Nous entrons dans une époque où tout se mesure : les émotions, les mouvements, les clics… Ce phénomène porte un nom : la datafication du monde ! Un mot long, abstrait, presque froid. Mais il décrit une réalité brûlante d’actualité», a aussi rappelé notre confrère Samboudian Kamara (25ᵉ promotion) qui a pris la parole au nom des anciens du Cesti.

«Dans ce contexte, penser en journaliste, ce n’est pas seulement raconter le monde, c’est aussi interroger la manière dont il nous est présenté. C’est comprendre ce qu’il y a derrière les chiffres, au-delà des tendances, au fond des algorithmes. C’est être capable d’interpréter ce que la machine nous restitue et, parfois, ce qu’elle nous dissimule», a rappelé ce brillant professionnel des médias.

Alors, comment rester journaliste dans un monde piloté par les algorithmes ? «D’abord, en préservant notre éthique professionnelle. Le respect des faits, la vérification, l’enquête… doivent rester nos piliers. L’algorithme peut produire, mais il ne vérifie pas. Il compile, mais il ne comprend pas. Il prédit, mais il ne questionne pas. Ensuite, en cultivant notre esprit critique face aux biais automatiques. Nous devons être conscients que l’objectivité algorithmique est un mythe. Derrière chaque modèle se cachent des intentions, des angles morts, des logiques marchandes. Et surtout, en défendant le droit à la nuance, à la lenteur, à l’intuition. Là où les algorithmes classent et amplifient, nous devons choisir de creuser, d’écouter, de douter. À l’ère des datas, l’essentiel reste de ne pas oublier les visages derrière les chiffres», a répondu Samboudian.

En vérité, a-t-il poursuivi, «l’IA (l’intelligence artificielle) ne remplacera pas les journalistes. Mais les journalistes qui sauront la dompter, la comprendre, l’orienter, seront mieux armés pour exercer leur métier…». À noter que, au début de son intervention, Samboudian Kamara a rendu hommage à notre regretté camarade Youssouf Kéita (de la 25ᵉ promotion comme votre serviteur) arraché à notre affection, il y a plusieurs années.

M.B