EXPLOITATION JUDICIEUSE DES RICHESSES MINIÈRES Le Mali doit d’inspirer du Qatar devenu si riche à partir du gaz liquéfié

Profiter du potentiel humain (cadres et techniciens formés dans les meilleures écoles et universités du monde) pour créer les conditions de l’exploitation de nos immenses richesses par nos propres moyens ! Telle est  la position défendue ces derniers temps par d’éminents économistes comme les Dr Fousseynou Ouattara et Modibo Mao Makalou. Ils brandissent comme exemple le développement du Qatar devenu un émirat très riches parce qu’il s’est donné lui-même les moyens de tirer le meilleur profit (exploitation et commercialisation) de ses richesses, du gaz notamment. En un demi-siècle, le Qatar est passé d’un pays pauvre à un pays dont le PIB par habitant figure parmi les plus élevés du monde. Et c’est loin d’être un fait du hasard.

Dans son argumentaire en faveur de l’exploitation de nos richesses minières, lors d’un entretien accordé à la radio «Maliba FM» (99.5 MHZ) le 23 mai 2023, Dr Fousseynou Ouattara est revenu plusieurs fois sur le cas du Qatar qui a fait fortune en exploitant ses immenses gisements de gaz que la Monarchie a ensuite exportés dans le monde sous forme de gaz liquéfié. 

Le Mali a une dizaine de mines d’or qui appartiennent essentiellement à des sociétés étrangères. Cela est l’une des raisons fondamentales qui font que l’or ne brille ni pour les Maliens, notamment les zones d’exploitation, ni pour l’économie nationale. Malgré un audit du secteur minier, nous avons l’impression que nos autorités n’ont pas encore compris la nécessité de changer la donne en terme d’exploitation de nos richesses minières par des sociétés étrangères nous contraignant à nous contenter de la portion congrue. C’est ainsi que nous apprenons que la société ivoirienne Corica mining a gagné un contrat de 226 milliards de FCFA à la mine de lithium de Goulamina. Sa filiale, Corica Mali, sera chargée des services de contrôle de la teneur, de forage et de dynamitage, de chargement et de transport, et d’alimentation en minerai de l’usine.

Pour nos économistes, le Qatar est un bon exemple à suivre aujourd’hui par notre pays si nous voulons réellement exploiter judicieusement nos richesses minières ; si nous voulons que cette exploitation ait un impact réel sur le niveau de la population, donc sur le développement socioéconomique du pays dans les années à venir. Le Qatar est un bon exemple d’autant plus que, en un demi-siècle, il est passé d’un pays pauvre à un pays dont le PIB par habitant figure parmi les plus élevés du monde à cause de l’exploitation judicieuse du gaz et sa commercialisation efficiente.

Le combustible liquéfié est obtenu en réfrigérant le gaz naturel. Cela augmente non seulement son prix, mais facilite aussi et surtout son exportation par voie maritime, contrairement à sa version gazeuse qui repose sur les pipelines. Doha possède les troisièmes plus grandes réserves de gaz naturel au monde. Cependant, son éloignement des marchés asiatiques et européens, dont il est séparé par des pays très instables sur le plan géopolitique, a fait que Doha s’est résolument engagé dans la voie du gaz naturel liquéfié pour l’exportation. Ce qui en fait une puissance majeure du secteur, avec des exportations annuelles de quelque 77,1 millions de tonnes, selon l’Union internationale du gaz.

En 1920, le Qatar était essentiellement une région de pêche et de culture de perles. Mais, en quelques décennies cette Monarchie du Golfe s’est construite une notoriété à l’échelle internationale. Considérée comme l’un des plus importants détenteurs de gaz au monde, elle a toujours fait preuve d’avant-gardisme. Ce pays a ainsi su miser sur ses atouts gaziers alors que ses voisins tablaient sur le pétrole. Il  a aussi développé une forte stratégie gazière en l’axant sur le gaz naturel liquéfié afin de l’exporter. Et il recycle les revenus de ce capital gazier en diversifiant son économie dans différents domaines comme l’éducation, la culture, le sport, l’immobilier ou encore l’industrie. Clairvoyant, le Qatar compte sur cette diversification afin d’assurer une prospérité pérenne à sa population, en misant sur son capital humain via une «économie basée sur la connaissance», qui va bien au-delà de la rente gazière.

La découverte du pétrole en 1939, celle du gaz naturel en 1971 et le coup d’État du palais en 1995 sont, selon des économistes, «les 3 changements» qui ont fait de ce pays l’un des plus riches du monde. La croissance à deux chiffres du PIB est la marque de la force du Qatar depuis plusieurs années. Et c’est un phénomène qui ne s’explique pas seulement par la valeur du gaz. «Cela s’est produit après le changement politique lorsque Hamad bin Khalifa al Thani, le père de l’émir actuel Tamim bin Hamad Al Thani, a pris le pouvoir en 1995. Un événement controversé pour certains en raison de la manière dont il s’est produit», a récemment expliqué à BBC World Mohammad al Saïdi, professeur à l’université du Qatar et spécialiste de l’économie durable. 

Comme quoi quand on laisse aux autres le soin d’exploiter ses richesses, on leur donne aussi le privilège de décider de votre émergence socio-économique. Le Qatar s’est assumé et le résultat illumine aujourd’hui le monde !

Moussa Bolly