ETABLISSEMENT DE PIECES D’IDENTITE : Concours du meilleur arnaqueur à la police et à la gendarmerie

Les Maliens vivent au rythme des excès liés à la faible production de cartes nationales d’identité. Une faillite des autorités sécuritaires.

Chaque matin, des milliers de citoyens prennent d’assaut les commissariats de police et les brigades de gendarmerie en vue de confectionner ou de renouveler leurs pièces d’identités.
La carte nationale est, pour les agents en charge un business lucratif. Tous les moyens sont bons pour arnaquer les pauvres citoyens.
« Je me suis présentée ce matin à la gendarmerie pour renouveler ma carte d’identité. Sur place j’ai acheté deux timbres à 850 F CFA. Et les agents de l’établissement m’ont demandé 3000 F CFA pour la carte. J’ai répliqué en disant que je pensais que la carte était 1500 F CFA. Et là le gendarme m’a dit que 1500 F CFA c’est petit. Il m’a finalement soutiré 2000 F CFA », témoigne Astan Diarra, une enseignante.
Un flou demeure sur le prix, ce qui constitue une porte ouverte à la corruption à grande échelle. Les Maliens sont victimes d’excès de la part les forces de sécurité. Celles-là même qui sont censées combattre la corruption.

Dévaluation identitaire
« La police a établi il y a de cela quelques années un système. Ceux qui viennent en retard et qui ne désirent pas attendre payent 5000 F CFA. Ils reviennent chercher leurs cartes d’identité dans l’après-midi », croit savoir Martin Dara.
Devenue quasi-systématique, cette pratique bloque ceux qui n’ont pas les moyens de se payer une carte à 5000 F CFA bien que partis au commissariat à 4 h ou 5 h du matin.
« En Algérie, lors de ma première année d’étude, j’étais surpris de voir un étranger détenteur de la carte d’identité malienne. Le comble c’est qu’il disait partout qu’il était un Malien. Par contre devant les Maliens, il restait réservé. Le mec ne parle ni bambara, ni aucune langue nationale du pays. Il n’a pas l’accent malien. En voyant sa tête on lui donnerait plutôt la nationalité béninoise », avance Mohamed Diarra.
Près de 50 % des personnes interrogées affirment avoir versé des pots-de-vin à la police pour la confection de la carte nationale. Et 56 % des personnes interrogées pensent que le gouvernement ne lutte pas suffisamment contre le phénomène.
Hawa Sy