Esclavage au Mali La CNDH exhorte le Gouvernement et l’Assemblée Nationale à « l’adoption diligente du projet de loi portant répression » de la pratique

Dans plusieurs localités de la région de Kayes (Diéma, Yelimané, Nioro du Sahel…), les esclavagistes, adeptes d’un esclavage par ascendance, dictent leur loi au vu et au su de tout le monde. Ils empêchent des personnes de leurs droits élémentaires de cultiver leurs champs, de réhabiliter leurs maisons, d’enterrer leurs morts etc. Dans le cercle de Diéma, plus précisément dans le village de Kaïnera, des dizaines de personnes, sous la pression de l’esclavage, ont dû abandonner pour se refugier à Bamako, la capitale malienne, en fin du mois de juillet 2019. Bien que ces déplacés internes aient pu regagner Kainéra, leur village d’origine, la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH), présidé par Aguibou Bouaré exhorte le Gouvernement et l’Assemblée Nationale du Mali à l’adoption « diligente du projet de loi portant répression de l’esclavage et des pratiques assimilées».

«Le siège de la Commission Nationale des Droits de l’Homme a été investi les 28 et 29 juillet par une vague de déplacés en provenance de Diéma, plus précisément du village de Kainéra, composée d’une soixantaine de personnes, dont des femmes et des enfants souvent de très bas âge, toutes victimes de l’esclavage par ascendance. Aussitôt, la CNDH a sollicité et obtenu l’appui prompt du Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, et celui en charge de l’Action humanitaire pour la prise en charge de ces personnes dans le Centre d’accueil Mambilé à Sogoniko à Bamako », c’est ce qui ressort du communiqué de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) rendu public, hier, mercredi 07 août 2019. Le communiqué ajoute qu’une semaine plus tard, soit le 5 août courant, à la suite d’une mission conjointe de médiation de la CNDH et du Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme dans le Cercle de Diéma, les déplacés internes ont pu regagner Kainéra, leur village d’origine. Par conséquent, la CNDH, dirigé par Aguibou Bouaré, rappelle que tous « les Maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs ». La CNDH félicite le Gouvernement, notamment le Ministère en charge des droits de l’homme et le Ministère en charge de l’Action humanitaire pour la diligence et les efforts consentis. En outre, la CNDH appelle les ressortissants et habitants des localités concernées, de l’intérieur et de la diaspora, à l’apaisement, l’entente et à la cohésion sociale. La CNDH se réjouit du retour des déplacés dans leur localité à Kainéra malgré quelques difficultés persistantes. Les défenseurs des droits de l’Homme sollicitent le Gouvernement aux fins d’un appui urgent en produits de première nécessité au profit des déplacés réinstallés dans leur village d’origine. Dans son communiqué, la CNDH a exhorté le Gouvernement et toutes les institutions de la République à assurer le respect des droits fondamentaux de l’homme à travers notamment la lutte contre la pratique de l’esclavage sous toutes ses formes. Aussi, la CNDH a exhorté le Gouvernement et l’Assemblée Nationale à l’adoption diligente du projet de loi portant répression de l’esclavage et des pratiques assimilées. « La CNDH recommande aux autorités compétentes de diligenter les procédures judiciaires pendantes, précisément, devant la Justice en lien avec les infractions constatées;  réitère son appel à l’attention du Gouvernement à l’effet d’initier dans les meilleurs délais un dialogue inclusif en vue de la résolution durable de la question de « l’esclavage par ascendance » au Mali. Pour la CNDH, la protection des droits de l’Homme est une responsabilité partagée », conclut le communiqué de la CNDH.

A rappeler que dans un passé récent, 1153 personnes déplacées internes, dont 534 hommes, 619 femmes et 720 enfants, toutes victimes de l’esclavage par ascendance dans les communes rurales de Dindanko, Djougoun et Guémoucouraba, ont ainsi trouvé refuge dans la commune de Mambri, dans le cercle de Kita, dans la région de Kayes.

Aguibou Sogodogo