Escalade de violences au Mali Peut-on comprendre le silence d’IBK ?

Il est clair qu’IBK est conscient du danger qui plane au-dessus de la nation, comme l’attestent ses propos diffusés sur les antennes de l’ORTM le 31 juillet. Au détour d’une interview, le locataire de Koulouba lançait un appel du pied au peuple, invitant ce dernier à ne pas détruire l’acquis qui rend le pays séduisant aux yeux d’autres Africains dont certains n’hésitent pas à venir lancer leurs livres. Pour l’instant, le chef de l’Etat a choisi de se taire sur quatre malheureux évènements qui pourraient constituer des signes avant-coureurs d’un désordre plus grave.
Chaque sortie publique d’IBK est scrutée par les Maliens qui espèrent entendre leur président sur l’escalade de violence qui semble caractériser les débats politiques. Le pouvoir peut pourtant éviter cette déconfiture du pays à travers un appel au calme venant du président lui-même.
Mais il faut bien plus de mots de la part du président pour calmer les ardeurs de ceux qui professent des menaces de mort contre journalistes et activistes politiques. Le chef de l’Etat aurait dû sortir de sa réserve dès lors que la voiture de l’épouse de l’opposant Souaila Cissé a été vandalisée en juillet dernier par de parfaits inconnus.
Même si l’acte n’a pas été revendiqué, il aurait dû être condamné au plus haut niveau, par le président en personne car il n’était pas crapuleux de toute évidence. Peu après, c’est fut l’attentat contre le journaliste Madou Kanté qui a fort heureusement survécu aux assaillants. Le pays a frôlé le pire ce jour là! Les nerfs à vif, l’embrasement instinctif pouvait venir d’une éventuelle issue dramatique, surtout que la cible est proche de « la communauté des opposants à la révision constitutionnelle ». Là aussi, aucune revendication n’a été faite, mais les ingrédients d’un crime politique sautent à l’œil.
L’on s’attendait à une prise de la parole par le chef de l’Etat sur cet attentat qui ne rend service ni au pouvoir, ni à ceux qui sont contre la révision de la Constitution de 1992. Et pour ne rien n’arranger à l’agonie du pays, les communautés Touareg se battant pour le contrôle de la ville de Kidal ont poussé les hostilités plus loin. La mal aimée CMA a remis les pieds dans la ville de Ménaka où leurs rivaux du GATIA étaient maîtres, mettant davantage en danger le processus de paix.
Le clou des évènements malheureux, c’est la découverte d’une boîte de munitions non loin de la maison de la présidente de la Cour constitutionnelle. Comme pour les autres faits déplorables, le gouvernement s’est fendu d’un communiqué mais le président de la République n’a rien dit sur cette manifestation de l’insécurité.
Cet attentat manqué désigne certainement le ras-le-bol chez des acteurs qui ne peuvent pas exprimer publiquement leur état d’âme sur la situation sécuritaire du pays. Reste à espérer que les plus radicaux n’en arrivent à revendiquer leurs actes et forfaits! Pour cela, le président de la République, en tant que père de la nation, doit sortir enfin du silence avec une attitude plus unitaire et moins partisane.
Un pouvoir a tout intérêt à circonscrire la violence, puisque l’on sait où elle commence, mais l’on ne se jamais où elle pourrait s’arrêter dans un contexte politico-sécuritaire fragile. Koulouba ne doit pas négliger ces « petits crimes » comme ce fut le cas pour les prises d’otages européens au Nord du pays entre 2003 et 2011 au sujet desquelles les Américains dénonçaient la léthargie des autorités maliennes. Cette fois-ci, il faut tuer le mal dans l’œuf !
Soumaila T. Diarra