* Enlèvements, dissidences * Etat de guerre au Nord-Mali * Kidnappés * assassiné

Restes de cerveau sur la camionnette

Il s’agit d’un vulcanisateur qui aurait tout vu et qui excipe de son ignorance du français pour se dérober à la presse. Mais l’animateur local a eu de la veine avec lui. Sa version : un peu 13 heures passées. Une toyota BJ gare devant l’hôtel avec quatre hommes enturbannés et en treillis. Des « peaux blanches ».  Deux s’engouffrent dans l’hôtel et en referment le portail.

Un reste au volant et un dernier monte la garde devant le portail fermé qui ne le restera pas longtemps. Puisque les assaillants ressortent moins de dix minutes après avec les trois touristes menottés qu’ils jettent à l’arrière de la voiture. Ce sont : Gown Stephen Malcolm é le 28 janvier 1975 en Afrique du Sud, Britannique et Sud africain : Gustafson Nils Johan Viktor, Suédois né le 18 avril 1975 à Karlstad : Jacobus Nicoloas Ruke, Néerlandais,  né le 11 février 1960 à Beverbuk dont l’épouse doit son salut au fait de s’être cachée dans une tente. C’est à ce moment que le touriste allemand, Martin  Eugen Arker né le 18 Mai 1953  à Berlin, sortant d’une boutique tombe sur les terroristes qui lui font signe de monter dans la voiture. Refus d’obtempérer.

Empoignades. L’Allemand est costaud et se bat bien. Il reçoit une balle dans la poitrine et s’écroule. Mais, héroïque, il arrive à se relever en tenant la voiture et en essayant de s’agripper à son ravisseur qui tire le cou fatal à la tête du touriste. C’est fini. Le corps inerte gît à terre mais des particules du cerveau collent à une camionnette publicitaire stationnée sur les lieux de l’horreur. Tragédie : les ravisseurs repartent comme ils sont venus.

A dix huit heures, vingt véhicules de l’armée sous l’autorité du Commandant Kamo Ag Minini entament les poursuites devant une population écoeurée et dans deux directions : celle de Taoudénit et celle de Goundam. Elles retournent, bredouilles, le lendemain vers 18 heures. La veille, l’hôtel est vidé de ses touristes qui passent la nuit à la police avant d’être « exfiltrés » le lendemain sur Mopti et sur Bamako.

Et dimanche, digne mais sonné, Karl Flitner, l’ambassadeur d’Allemagne à Bamako en compagnie d’un membre du gouvernement malien, part ramener le corps de son compatriote. Déjà, le Quai d’Orsay avait sorti son feutre rouge dont il barre tout le Nord et le Centre du Mali. On ne peut plus lui en vouloir. Ce sont désormais six Français, un Suédois, un Néerlandais et un Anglo-Sud africain qui se trouvent aux mains des terroristes dans le Sahel. Aqmi ? Pour les otages d’Arlit, c’est sûr puisque la nébuleuse l’a revendiqué. Mais pour les enlèvements de Hombori et de Tombouctou, rien ne permet pour l’instant d’incriminer les hommes à Belmokhtar. La signature est ressemblante mais Aqmi revendique toujours ou dément. Or ce n’est pas encore le cas.

Guerre contre X

Mais s’il se confirme que c’est Aqmi, alors, il n’y a pas de doute que les jihadistes  qui ont généralement éviter de faire des enlèvements sur le sol malien, ont déclaré la guerre à Bamako. Pourquoi Aqmi ferait t-elle cela au moment où il y a une alliance sacrée contre elle dans la sous-région ? Justement peut-être à cause de cela. Mais attendons de voir. Le président de la République, visiblement perturbé et disant toute son indignation a appelé à éviter l’amalgame.

Ceci inclut aussi les déductions sommaires. Surtout que dans son adresse de Dioila, Att a évoqué le banditisme, les comportements crapuleux comme retombées possibles de la crise libyenne avec ses milliers de soldats démobilisés dans le Sahel dont notre pays. Que les coups de Hombori et Tombouctou surprennent en train de tenter de régler les problèmes devenus plus sérieux à Kidal. Car on sait que depuis une semaine, Iyad Ag Ali, a repris le maquis après avoir notifié aux chancelleries ses griefs dans une lettre qui vaut déclaration de guerre. Il rejoint dans les montagnes, seul dans sa cause qui dit-on est celle d’un Etat islamiste, ou renforçant les Idnan avec Najim, les Chamanamas avec Assalat et les Ifergoumoussen de Feu Ag Bahanga,  revendiquant tous la Républiqe de l’Azawad.

Déclaration de guerre, c’est aussi cela l’esprit du communiqué du gouvernement après les enlèvements du jeudi et du vendredi. De même que les propos du président Touré. A eux aussi, on ne peut pas en vouloir. Car au Nord c’est un état de guerre qui prévaut. Les hélicoptères français à Gao depuis samedi en sont un autre symptôme.

Adam Thiam

 

Le Républicain 28/11/2011