Edito : Une résolution édulcorée

En effet, la guerre contre les islamistes et narcotrafiquants a été  renvoyée aux calendes grecques, dans la mesure où aucun calendrier n’a été adopté pour le déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA), sous conduite africaine. La seule équation connue est celle relative à la durée de cette mission : une année. L’ONU, il faut le dire, se moque du Mali, s’en fout de la souffrance des populations, sous occupation, lesquelles continuent à subir, au XXIème siècle, les pires atrocités de l’humanité.

Quelques heures après l’adoption de la résolution 2085, qui presse Bamako à aller vers une solution négociée de la crise, Alger a fait signer un accord, vendredi 21 décembre, entre le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et Ansar Dine. Le document prévoit que les deux entités négocient avec Bamako pour trouver une solution pacifique. Voilà le dilatoire. Certains experts de l’ONU affirment qu’une éventuelle intervention militaire n’est pas possible avant septembre 2013.

Entre-temps, on multiplie les pressions sur l’imperturbable Dioncounda Traoré pour le contraindre à négocier, comme le veut la présente 2085, à parvenir à un accord et à rendre toute intervention militaire, au nord du Mali, caduque. Ce scénario est d’autant plus plausible que les conditions énumérées pour y intervenir sont contraignantes : reconstruction de l’armée malienne, entrainement des troupes panafricaines qui feront partie de la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA). Ce n’est pas tout. Il faudra que le Conseil de sécurité s’estime satisfait de l’état de préparation de cette force, à partir de certains critères précis (entrainement, efficacité de la structure de commandement, équipement, adaptation au terrain).

Est-ce à dire que les forces panafricaines viendront s’entrainer au nord du Mali,  au Niger ou au Tchad pour s’adapter au terrain? Pour tuer Kadhafi, il n’y a pas eu de protocole. Soixante deux jours après la résolution de l’ONU, l’Otan a commencé les bombardements. Pourquoi au Mali, il faudrait que l’ONU attende très longtemps pour attaquer les islamistes et détruire les grottes dans lesquelles ils se cachent. L’armée de Kadhafi est, pourtant, mieux équipée que les terroristes du nord du Mali. Il suffit d’une réelle volonté politique internationale pour faire partir, sans coup férir, dans un laps de temps, MUJAO, AQMI et autres. Malheureusement, elle manque cruellement. Parce que, nous l’avons dit et nous le répétons, le Mali n’a pas de pétrole. Il est donc victime de sa grande pauvreté et des atermoiements au sommet de l’Etat.

Aux forces armées et de sécurité du Mali de prendre leur responsabilité, devant Dieu et les hommes, pour libérer rapidement, avec ou sans la force panafricaine, le nord du Mali. Les députés viennent de voter un budget de 20,2 milliards de FCFA soit 1,6 milliard par mois, pour l’opération «Badenko» (pour la cause de nos frères) afin de libérer le nord du pays. Ce budget n’a rien à voir avec la dotation budgétaire annuelle de l’armée, qui s’élève, en 2013, à 111,8 milliards de nos francs contre 76 milliards en 2011. L’Etat a donné ce qu’il peut. Comme, on le dit, la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a. Il revient donc à nos forces armées et de sécurité d’honorer le Mali, de nous permettre de relever la tête, baissée depuis un certain 17 janvier 2011.

Chahana Takiou

 

Le 22 Septembre 24/12/2012