Edito / Un gouvernement de défis

Deuxièmement, défi de pure forme ? Le choix des hommes composant l’équipe. A quelques exceptions près, la plupart des chapelles ont été au bord de l’implosion quand il s’est agi d’envoyer des représentants au gouvernement.  Cela est symptomatique à la fois de la fragilité des formations et de la conception où l’on tient la mission de parti qui motive les choix vécus comme une aventure personnelle conduisant très souvent à se détourner du bercail. Enfin le retour de l’opposition dans le sérail, aux cotés des partis de la défunte ADP, dans des bancs longtemps désertés, n’est pas sans créer quelques émois. Ils devront réapprendre à travailler ensemble.    

Sur le fond, autant on a une idée claire des enjeux qui attendent les nouveaux impétrants, autant la mise en œuvre des dossiers s’avère difficile et leur seule évocation donne le vertige. Si le traitement à réserver à ceux sur lesquels reposeront et la stabilité et le développement immédiats  du pays ne souffre aucun marchandage  – à savoir l’organisation consensuelle de bonnes élections et la nécessaire réponse à apporter en urgence au front social qui en pareilles circonstances rentre en ébullition – il n’en est pas de même sur les multiples effets secondaires qui ne manqueront pas d’affecter la bonne marche de la machine gouvernementale tout aussi occupée à lorgner sur 2012 et tout ce qu’il contiendra.   

Les membres du gouvernement Kaïdama devront par-dessus tout résister à la tentation de travailler chacun pour sa chapelle au détriment du pays. S’obliger à regarder davantage aujourd’hui pour espérer être à demain, en entier. L’édifice est à ce point fragile que l’onde de choc et les effets collatéraux des conflits finissant en Côte d’Ivoire et en Libye constitueront des tests grandeur nature, dès demain, de la capacité à résister et à circonscrire ce qui pourrait être un danger quand  des pays essentiels pour le Mali sont déstabilisés et que près du quart de notre population est, pour cette raison et pour d’autres, en situation de détresse humanitaire.

S. El Moctar Kounta
Le républicain 07/04/2011