Edito : Qui en veut au P.M ?

Vingt quatre heures auparavant,  le chef du gouvernement, en accord avec le président intérimaire, Dioncounda Traoré, a nommé par décret deux ministres qui venaient de sortir de l’équipe précédente, en qualité de conseillers spéciaux, avec rang de ministres.  Il s’agit en l’occurrence de Sadio Lamine Sow et de Hamadoun Touré.

Le FDR, encore une fois, a crié au scandale. Le premier vice-président de cette organisation politique (composée de l’ADEMA et de ses affidés), Ibrahima N’Diaye, est allé jusqu’à demander l’abrogation dudit décret. Alors, que veut  le président intérimaire du parti de l’Abeille ? Lui, qui fut N° 2 du gouvernement Modibo Sidibé, lui qu’ATT appelait vice-Premier ministre. Comment veut-il dicter au chef du gouvernement, Cheick Modibo Diarra, la conduite à tenir pour le choix de ses plus proches collaborateurs.

Le Premier ministre a le droit, contrairement à ce que le FDR veut faire croire, de nommer des conseillers spéciaux avec rang de ministre. Iba N’Diaye ignore certainement l’existence du décret N°20-12-95 PRM du 7 mai 2012 fixant organisation de la Primature. L’article 3 de ce texte stipule que : «Le Premier ministre peut nommer  un ou plusieurs conseillers spéciaux, chargés des questions particulières, relevant de son autorité directe et bénéficiant d’un statut déterminé par leur acte de nomination».

De façon peu honnête, on crée l’amalgame à travers l’expression «rang de ministre», qui n’est qu’honorifique. On insinue que c’est un prolongement des membres du gouvernement. Que non ! Les conseillers spéciaux avec rang de ministres ne sont guères membres du gouvernement. Ils n’ont pas les prérogatives de ministres. Ils ne participent pas au conseil des ministres.

Le secrétaire général du gouvernement, celui de la présidence  de la République et le Directeur de cabinet du Premier ministre ont toujours bénéficié, en tout cas sous l’ère d’ATT, d’un statut de rang de ministre jusqu’aujourd’hui. Alors où se trouve le problème ?

A moins que le FDR ait de problèmes de personnes avec les deux personnalités incriminées, Sadio Lamine Sow et Hamadoun Touré, présentées, à tort, comme des pions de la CEDEAO, notamment de Blaise Compaoré et d’Alassane Dramane Ouattara. C’est en raison de ce préjugé que Dioncounda Traoré a pesé de tout son poids pour ne pas les reconduire.

Les deux sont des Maliens, bons teints, qui ont fait leur preuve de compétence à l’étranger et même récemment au Mali, durant les trois petits mois qu’ils ont eu à passer au sein du gouvernement.

Ils sont patriotes et pourraient bien apporter un plus au sein du Cabinet du Premier ministre. Leur acte de nomination étant légal, Cheick Modibo Diarra doit conforter cette décision, avec des résultats probants dans les mois à venir.

L’ancien président, Amadou Toumani Touré, a toujours placé ses anciens ministres comme Ambassadeurs, PCA, PDG …  Personne n’a protesté. Cheick Modibo Diarra, qui vraisemblablement est aujourd’hui l’homme fort du pays, doit libérer le nord du Mali et poursuivre les nominations des ministres recalés dans les Ambassades et autres structures bien perchées de l’Etat. Le changement doit s’opérer d’abord au niveau des hommes. Il faut obligatoirement rappeler les Ambassadeurs et rapporter certaines décisions relatives aux PCA et PDG.

Si Iba N’Diaye veut s’opposer, il en a le droit. Mais qu’il évite l’entre deux chaises, au nom de la morale politique. Si SADI du Dr Oumar Mariko dénonçait ces nominations, il serait dans son rôle.

En fait, le premier vice-président de l’ADEMA joue au trouble fête et poursuit son combat politique contre le Premier ministre, sur un autre registre. Il entend opposer Dioncounda Traoré à Cheick Modibo Diarra, qui constitue un tandem, gênant pour certaines Abeilles dont Iba Diaye.

Chahana Takiou

22 Septembre

27 Août 2012