Edito : Pourquoi ne pas récuser Romano Prodi ?

 

Le périple africain, qui a commencé par Dakar, s’est achevé hier à Niamey via Abidjan. Les émissaires de Ban Ki-Moon sont venus, en réalité, plaider auprès des dirigeants de la CEDEAO notamment d’Alassane Ouattara le dossier malien. Seulement voilà : ils sont en déphasage avec la position du gouvernement malien et celle de la Communauté ouest africaine.

L’ex-Président du Conseil italien et l’Algérien, Saïd Djinnit, ont récemment produit un rapport, endossé par Ban Ki Moon, sur la situation sécuritaire du Mali. Ce document a été qualifié, on se rappelle, par le FDR comme étant «déséquilibré, partiel, partial et ambigu».

Le duo, manifestement, contre les intérêts du Mali, ont repris du service pour balayer d’un revers de main une éventuelle intervention militaire étrangère au nord du Mali. Ils plaident, en ce moment, pour un «dialogue politique», une «négociation» avec les occupants. Ils écartent complètement la possibilité de l’emploi légal de la force internationale, en mettant en exergue les méfaits de la guerre. Romano Prodi ne parle même plus de l’échéance de septembre 2013, qu’il a récemment évoqué pour une opération militaire au nord du Mali.

Celle-ci est renvoyée, semble t-il, aux calendes grecques, au moment où le Mali tout entier, avec son allié, le plus sûr, la France, attendent ce vendredi 21 décembre une résolution ferme de l’ONU permettant d’agir rapidement afin de bouter les terroristes du nord du Mali. Est-ce un signal fort que la résolution tant attendue ne sera pas votée ? On peut le penser malgré l’engagement sans faille de l’hexagone. Car le couple Prodi-Djinnit est le porte-voix de Ban Ki-Moon dans le cas malien.

Alors, pourquoi notre diplomatie ne récuse-t- elle pas ce duo, toujours en décalage avec notre vision et nos intérêts stratégiques ? Pourquoi, le chef de la diplomatie malienne ne réagit pas aux propos de Romano Prodi ? Pourquoi, notre diplomatie n’est-elle pas proactive ?

Le Mali vit aujourd’hui un des contrecoups de la chute de Kadhafi. Il est aussi victime  de sa grande pauvreté. Sinon, comment comprendre les tergiversations de l’ONU, qui prétend faire de la lutte contre le terrorisme, une priorité ? Tout le monde a vu la précipitation avec laquelle la Lybie a été bombardée, les mensonges d’Etat pour éliminer Saddam Hussein. On n’avait pas prévu sciemment, à l’époque, les conséquences de ces agressions étrangères parce que les pays concernés ont du pétrole. Le Mali n’en a pas. On peut, donc toujours, jouer au dilatoire.

A nos forces armées et de sécurité de remplir pleinement leur mission de défense de la patrie. Car nous avons, finalement, compris qu’aucune autre nation ne veut périr pour un pays dépourvu de l’or noir.

Chahana Takiou    

Le 22 Septembre 2012