Edito Non à toute ingérence de l’Algérie!

Cette proposition est une insulte à Bamako, et surtout au peuple du Mali. De quoi Alger se mêle-t-il, sans prendre contact avec les autorités légitimes et, surtout, dans ce cas précis, avec la CEDEAO, voire l’Union Africaine, lesquelles sont en avance sur ce dossier?

Pourquoi un forum à Alger pour régler les problèmes maliens? Pourquoi sont-ce les populations du nord qui sont annoncées comme invités, sans celles du sud? C’est un problème national, qu’il ne faudra jamais isoler de l’entité Mali.

Des discussions entre les différentes composantes des régions nord, sans le pouvoir central, ne mèneront nulle part. Qu’Alger s’occupe de son jardin, au lieu de s’ingérer de façon inopportune dans le dossier malien.

Si Boutéflika veut aider le Mali, qu’il inscrive toutes ses actions dans la dynamique de celles de la CEDEAO ou de l’U.A, dont il est un des membres influents. Pas d’actions isolées pour Alger. Ça suffit!

Quels sont les résultats du Pacte national, conclu sous l’égide d’Alger en 1991 à Tamanrasset? Quels sont les impacts de l’Accord d’Alger, signé le 4 juillet 2006, toujours sous l’œil vigilant du ministre algérien des Affaires étrangères?

Le pays d’Abdoul Aziz Boutéflika a toujours amené le Mali à signer des accords difficiles, voire impossibles, à respecter. Ce qui conduit systématiquement l’autre partie à accuser Bamako de ne pas respecter ses engagements. Commencent alors, les petits complots, les vols, les désertions au sein de l’armée, le banditisme, pour aboutir à la création d’un front, lequel joue au chantage avec toujours la même rengaine: indépendance, autonomie et que sais-je encore.

Alger n’a jamais véritablement aidé le Mali dans la question du nord. Il s’adonne à un double jeu pour se rendre incontournable à Koulouba. Qui ne sait que le territoire algérien a toujours constitué une base arrière pour les rebelles maliens? Qui ne sait  également qu’Alger a toujours été une source d’approvisionnement, en vivres et en carburants, pour les bandits armés? Qui ne sait aussi qu’Alger constitue une source d’informations précieuses pour les rebelles et une source dangereuse d’informations pour les services de renseignement du Mali?

Non à toute ingérence de l’Algérie dans le dossier nord du Mali! Oui à sa contribution dans le cadre de la CEDEAO, de l’UA ou de l’ONU.

Le président Blaise Compaoré du Faso et son homologue du Bénin, Yayi Boni sont déjà avancés sur ce dossier. De grâce ne multiplions pas les interlocuteurs. Donnons une chance à ce duo de réussir l’œuvre entamée. Toute improvisation d’Alger ne pourrait que compliquer la gestion de ce dossier et, par la même occasion, augmenter les souffrances des populations meurtries du nord.

Chahana Takiou

Le 22 Septembre 07/06/2012