Edito : La CPI à nos portes

Si l’ex chef de la junte militaire renvoyé devant la cour d’Assises pour « enlèvement de personnes, assassinats et complicité d’assassinats » ne peut pas être jugé par la justice malienne, alors fau-il craindre que la Cour pénal international (CPI) ne vienne taper à nos portes pour le transfèrement du Capitaine Amadou Haya Sanogo à la Haye.
Mis aux arrêts en 2014, occasionnant une opération musclée, le tombeur du président Amadou Toumani Touré, attend toujours d’être jugé pour « enlèvement et assassinat de 21 éléments bérets rouges ». Depuis son inculpation, son dossier a été ficelé par la chambre d’accusation de la Cour d’Appel, qui l’a renvoyé devant la Cour d’Assises où sont jugées les affaires criminelles. Aujourd’hui, les connaisseurs du droit indiquent que passé le 27 novembre, les délais de détentions légales du chef de la junte et consorts seront épuisés. Et les défenseurs des droits de l’homme sont sur le pied de guerre au Mali et sur le plan international (AMDH, FIDH, Amnesty international, Human Rights Watch etc.) : si les accusés ne sont pas jugés avant cette date, c’est la faute aux autorités politiques et judiciaires du Mali, pour ne pas dire leur complicité. Alors les voies seront ouvertes pour la CPI.
On s’interroge donc pourquoi ces autorités judiciaires traînent les pieds ? Les familles et parents des bérets rouges assassinés soupçonnent le Gouvernement d’être complice du déni de justice qui prépare le terrain à l’impunité pour des crimes commis de sang froid, par l’exécution sommaire des 21 éléments des bérets rouges, retrouvés dans un charnier à Diago. Les autorités sont soupçonnées de laisser traîner volontairement les choses jusqu’au-delà du délai légal, pour ensuite libérer les accusés au nom de l’Etat de droit.
Pendant ce temps, des sources indiquent que le Capitaine Sanogo serait dans toutes les conditions pour un séjour doré à Sélingué. Le confort et le luxe y sont tels que certains le comparent à un hôtel 5 étoiles. Les conditions de détention de Sanogo se seraient fortement améliorées de telle sorte qu’on ne peut plus parler de détention. Le putschiste arrêté et inculpé, puis accusé et renvoyé devant la cour d’assises se voit traité comme un prince, peut être en vue de son procès qui est attendu, pour éviter le grand déballage qu’il a promis. Ces conditions de détention donnent du crédit aux allégations de collusion avec le pouvoir. S’il libère Sanogo sur la base d’argutie judiciaire, notre pays se trouvera sous les projecteurs des organisations de défense des droits de l’homme et de la CPI, qui sont à l’affut pour se substituer aux carences de la justice malienne.
Le Capitaine putschiste avait fait arrêter 21 éléments des Commandos parachutistes ; désarmés et montrer à la télévision nationale, ces bérets rouges seront portés disparus, avant d’être identifiés dans un charnier à Diago. Le Collectif mis en place par leurs épouses et parents et qui est présidé par Mme Sagara Bintou Maïga court toujours derrière des funérailles nationales.
B. Daou