Edito / Khalil Ibrahim : une fin triste mais logique

 

Incontestablement, le Soudan connaît un grave problème de gouvernance et
d’injustice criarde entre ses régions qui a aggravé la fracture sociale entre un centre
oligarque d’arabes bon teints et une périphérie prolétarisée et noire dont l’actuel
et ex-région du Sud Soudan avec pas plus de 50km de route goudronnée à son
indépendance en juillet 2009.

Le discours égalitaire avait donné une certaine légitimité populaire au chef du
Mouvement Justice et Egalité dans un Darfour soumis jusqu’en 2005 à une
répression aveugle que Khartoum sous-traitera surtout avec ses milices Jenjaweed.
Ironie du sort, ce sont les trêves successives avec Khartoum qui semblent avoir
perdu le chef rebelle âpre au combat aux alliances réversibles. Deby, El Beshir, puis
Kadhafi : Khalil Ibrahim savait peut-être qu’il paierait un jour sa faute tactique. Celle
d’avoir éconduit en 2003 le chrétien Garang qui lui proposait de fédérer leurs
rancœurs et leurs forces contre le pouvoir de Khartoum et d’avoir privilégié avec
l’islamiste Tourabi plus l’axe de la convergence identitaire que de l’exigence
démocratique. C’est vrai qu’il voulait lui aussi d’un Darfour indépendant. Mais tout
est maintenant de savoir ce que pèsera l’agenda Darfour sans l’opiniâtreté et le
carnet d’adresses du capitaine disparu.

Adam Thiam

Le Républicain Mali 27/12/2011