Edito inter / Boko-Haram et Aqmi : Une affaire de franchises

Le bilan est effroyable : une vingtaine de morts, des dizaines de blessés, et probablement un trauma qui prend du temps à guérir chez les survivants de la boucherie. Il est vrai, avec dix neuf morts, l’Onu à Abuja est bien moins à plaindre qu’à Bagdad quand son quartier général fut soufflé dans une attaque kamikaze, ou à Port au Prince avec les pertes tragiques infligées par le séisme. Mais un constat grave tout de même : malgré sa vocation humanitaire, l’Onu est anormalement devenue une cible jihadiste.

En réponse à ce que les intégristes considèrent comme la caporalisation de l’institution multilatérale par les seuls Occidentaux, l’Amérique notamment. Autre constat : Si Aqmi est une franchise, les relations fonctionnelles entre elle et Boko Haram font de celle-ci un dangereux protectorat dans un Nigéria plus qu’exposé, avec la grande misère de sa population, ses élites corrompues, ses forces de l’ordre vénales et un sens collectif du racket qui dépasse l’entendement.   

L’attaque d’Abuja prouve ce que nous redoutions tous : la régionalisation du virus jihadiste avec ses charniers injustes. Car c’est bien la méthode de l’attentat-suicide propre à Al Qaeda, que le Nigéria vient d’expérimenter pour la deuxième fois après le coup qui visait l’ambassade de France à Nouakchott.

Comme le pays de Jonathan Goodluck qui a vraiment besoin de toute sa chance et de toutes ses forces pour juguler le fléau, ne fait jamais dans la mesure, il a aussi importé l’expertise somalienne dans le piratage en plein mer des bateaux. Comme c’est présentement le cas contre un bateau camerounais arraisonné le large des eaux nigérianes. Indiscutablement, les récents événements au Nigéria sont sources d’inquiétudes supplémentaires sur la sécurité de l’Afrique de l’Ouest.  

Adam Thiam

 

Le Républicain 29/08/2011