Ensuite en 2009, la grande première mauritanienne n’avait pas été appréciée à Bamako qui avait crié à la violation de sa souveraineté. Les relations entre Bamako et Nouakchott, en tout cas, étaient alors des plus froides suite à l’affaire Camatte, l’otage français qui fut libéré contre des salafistes algériens et mauritaniens recherchés par leurs pays. En 2010, le contexte est différent. Le discours officiel du Mali sur les menaces sécuritaires du Sahel-Sahara a fait amende honorable depuis l’arrivée de Soumeylou Boubèye Maiga à la tête de notre diplomatie, sortant ainsi de l’espèce de déni qui avait fait douter les voisins et la communauté internationale sur la volonté politique à Bamako de prendre le taureau par les cornes. Alger et Bamako donnent l’impression de se fréquenter de nouveau. Un important programme de l’Etat malien -le Pspsdn- est lancé pour être la réponse la plus adéquate à l’insécurité au Nord du Mali.
Et des manœuvres conjointes entre les armées malienne et mauritanienne sont en cours. C’est dans un tel contexte que l’attaque du tout nouveau camp d’Aqmi est intervenue le week-end. Avec un bilan probablement très lourd du côté des Salafistes vu les moyens utilisés par Nouakchott qui bombe la poitrine, et à raison, si le succès revendiqué est réel. Pourtant, si tout le monde est content pour le consensus retrouvé, on constatera, une fois de plus, qu’on parle non d’un exploit de l’armée malienne mais de l’armée mauritanienne à un jet de pierre de la capitale malienne. Et cela n’est pas du tout bon pour les signaux de rupture que Bamako envoie depuis peu.
Adam Thiam
Le Républicain 27/06/2011