Edito / Entre deux chaises

Ils ne voulaient sans doute pas être témoins de la danse du scalp que ne cesse de danser Sarkozy depuis la victoire héroïque des plus grandes armées du monde liguées contre un petit pays désemparé. Ils ne voulaient pas être les gros plans d’une campagne électorale qui, faute de résultats intérieurs probants, exhibera les têtes de Gbagbo et de Kadhafi.

En essayant d’intimider et d’étouffer le débat sur la signification réelle de la guerre contre la Libye. Et puis en inhibant les réactions africaines au motif que Kadhafi avait corrompu nos dirigeants alors que ses milliards de dollars de réserve sont gérées par un occident qui a le don de s’auto-disculper.

Que le président Touré  ait le souci de ne pas faire du Mali une victime collatérale de la crise libyenne se comprend !  Qu’il veuille terminer son mandat en toute tranquillité et aller cultiver sa rizière à Mopti comme annoncé se comprend également ! Mais nous ne sommes pas, dans l’opinion, tenus par sa ligne de délicats compromis qui tombe d’ailleurs entre deux chaises. Celle vide de Kadhafi qui ne sert plus à grand chose et celle électrique d’un Cnt devenu la cagoule de desperados au col blanc assoiffés d’or noir. Car nous ne le redisons : la démocratie est une aspiration légitime.

Mais elle ne peut être parachutée ni arrachée par les bombes. Et si on jette des missiles sur Tripoli, il est révoltant que le mouroir des manifestants qu’est devenue la Syrie s’en tire juste avec un embargo occidental tardif sur son pétrole. Kadhafi n’est pas notre tasse de thé mais le mépris et le double standard le sont encore moins. Or de ce point de vue, le crime est consommé et il est loin d’être parfait. Le comptoir libyen vaut tous les sacrifices mais les démocrates syriens ne méritent pas plus que des déclarations théâtrales.

Adam Thiam

 

Le Républicain 05/09/2011