Drame de Mina: Les réseaux sociaux en effervescence pour retrouver les disparus

Mina drame

Du chiffre de 769 pèlerins morts annoncé par les autorités saoudiennes le 26 septembre, on se retrouve avec 1448 morts le dimanche 11 octobre 2015. Soit le double de ce qui avait été annoncé plus tôt. Bien que ce drame soit insoutenable par de nombreuses personnes, il s’avère qu’on est encore loin du décompte définitif. Ceci constitue la plus grosse catastrophe vécue dans l’histoire du pèlerinage à la Mecque.

Aucun interlocuteur officiel pour les proches de victimes

Au Mali, la situation semble encore plus dramatique qu’ailleurs. Plus de deux semaines après l’incident, des centaines de familles ne savent sur quel pied danser, en l’absence d’aucune information fiable sur la situation réelle de leurs proches. La colère est immense chez FatimCoul. Le 11 octobre dernier, elle exprimait sur Facebook son courroux en ces termes : «Personne ne peut ressusciter un mort. Nous ne demandons que la situation de nos parents disparus. Les personnes désignées par le gouvernement pour mener des recherches sont incapables de nous fournir la moindre information. Elles servent à quoi alors?»

N’ayant aucun interlocuteur officiel, les familles angoissées et sans nouvelles de leurs parents sont à l’affût de la plus mince des informations «balancées» sur Facebook. Le groupe «Les Maliens de la bousculade de Mina 2015» créé pour l’occasion constitue une vraie mine d’informations. Des centaines de photos, de noms de pèlerins, d’agence et de numéros de passeports y sont divulgués. Ces éléments sont alors partagés des centaines de fois, démultipliant ainsi les chances de retrouver ceux restés sans nouvelles durant ces deux longues semaines.

Désespéré et ne sachant à qui s’adresser, Mamadou Sacko publie sur Facebook une photo de sa mère Mandja Kouma portée disparue depuis le 24 septembre dernier. «Nous sommes à la recherche de notre mère qui a disparu à la Mecque le 24/09/2015. Aidez-nous à la retrouver».Des initiatives personnelles et collectives spontanées se sont alors mises en place afin de combler le gap laissé par les autorités qui n’arrivent pas à se prononcer sur quoi que ce soit.

Des étudiants, fonctionnaires et des Maliens dispersés à travers le monde se sont lancés à la recherche de photos de personnes hospitalisées publiées sur les pages arabes avec le nom de l’hôpital et son numéro de contact. «Besoin de quelqu’un qui parle la langue arabe afin de traduire certains documents rendus publics par le personnel médical» lançait La Malienne, très active sur le réseau social Facebook.

Ces documents, constitués de listes de noms en arabe de personnes blessées identifiées ou non ont servi à retrouver certains disparus vivants et malheureusement d’autres décédés. De nombreuses bonnes volontés se sont assignées comme tâche de comparer ces photos de blessés avec les photos des victimes d’avant le malheur d’Al Mina que leurs proches livrent de bon gré. Cette technique a permis de repérer Zeinab Cisse, Modibo Sidibe, Yassi Sy vivant, mais hospitalisés.

Un soutien psychologique inestimable

Bintou Maiga déplore le manque de considération de la part du gouvernement. «La moindre des choses auraient été de désigner une personne ou de mettre sur pied une commission pour remonter le moral des uns et des autres. Nous sommes dans un flou total qui semble être entretenu par les autorités en charge de la question du pèlerinage. Les équipes sur place en Arabie Saoudite, le directeur de la maison du Hadj déclinent toute responsabilité en arguant qu’ils ne sont pas les mieux indiqués pour interagir avec les proches des disparus ».

Au même moment, une « Cellule de crise et d’aide psychologique» au Sénégal fait régulièrement le point à la presse. En Côte d’Ivoire la «Cellule de veille» est en contact direct avec les familles des disparus. Des numéros verts ont été rendus disponibles publics pour plus d’informations.

A Bamako, une cellule d’écoute et d’orientation des familles de décédés et de disparus a vu le jour dès le lendemain du drame. Composé uniquement de bénévoles, ils émettent des appels aux hôpitaux saoudiens avec l’appui des arabophones. Conscients du poids psychologique, ils les accueillent avec le soutien de quelques psychologues. «Ils ont vraiment besoin d’être écoutés et nous sommes là pour ça. Ils sont désarçonnés. A défaut de leur apporter des réponses, nous essayons de leur remonter le moral» explique Nabou Touré, initiatrice de la cellule.

Dansira DEMBELE

Source: Le Républicain-Mali 15/10/2015