DEVANT UNE VINGTAINE DE CHEFS D’ETAT : IBK a pris l’engagement de tourner la page noire du Mali

Pour célébrer le début du quinquennat d’Ibrahim Boubacar Kéita, une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement a fait hier le déplacement à Bamako. Il s’agit du président français François Hollande, Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Macky Sall du Sénégal, Mamadou Issoufou du Niger, Blaise Compaoré du Burkina Faso, Faure Gnasigbé Eyadéma du Togo, Thomas Yayi Boni du Bénin, Denis Sassou Guesso du Congo Brazzaville, Théodoro Obiang N’Guema de la Guinée Equitoriale, John Dramani Mahama du Ghana, Alpha Condé de la Guinée Conakry, Good Luck Ebélé Jonathan du Nigeria, Gorges Carlos Concéca du Cap Vert, le Roi Mohamed VI du Maroc, Idriss Deby Itno du Tchad, Aly Bongo Ondimba du Gabon, Moncef Marzouki de la Tunisie. L’Algérie et la Guinée Bissau étaient représentées par leurs Premiers ministres.

 

Les engagements renouvelés de Hollande

Le président français, François Hollande, qui a été le premier à prendre la parole a salué la victoire enregistrée sur les forces terroristes. Des victoires acquises à Konna, Diabaly, Douentza, Gao, Tombouctou et Kidal. Il a expliqué que ce sont des autorités légitimes d’un Mali mis en danger par les forces terroristes qui avait fait appel à la France qui avait le devoir de venir en aide à un pays qui se battait pour sa liberté et sa démocratie. Cette intervention s’est faite dans le cadre de la légalité internationale c’est-à-dire conformément à la résolution des Nations unies. Pour François Hollande c’est aussi une dette que la France a remboursée envers le Mali parce que pendant les deux guerres mondiales, les Maliens ont participé à la libération de la Métropole. La France a perdu 7 de ses soldats dans la guerre contre le terrorisme au Mali et beaucoup d’enfants maliens portent le nom de Damien Boiteux, le premier soldat tombé en terre malienne, a dit le président français. Hollande a expliqué que la France restera aux côtés du Mali tant que la menace terroriste est réelle. Mais le tout ne sera pas sécuritaire puisque la France va aussi accompagner le Mali dans le processus de reconstruction du pays à travers des appuis budgétaires, la coopération décentralisée, les ONG et la mobilisation des partenaires européens.

 

Alassane Dramane réitère sa foi au Mali

Pour le président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, c’est un pays frère qui vient de retrouver le concert des nations grâce à la manifestation de la solidarité sous-régionale, régionale et internationale. Le président ivoirien qui est aussi le président en exercice de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a salué les efforts consentis par le peuple malien pour prendre aujourd’hui son destin en main. Un destin confié à Ibrahim Boubacar Kéita que Alassane Dramane Ouattara trouve être aujourd’hui l’homme de la situation pour le Mali. Son engagement, son courage et son sens de l’Etat sont d’une notoriété publique, selon le chef de l’Etat ivoirien. Des qualités qui vont permettre à un président post-crise de réconcilier son peuple et de le conduire sur le chemin de la reconstruction du pays. Alassane Dramane Ouattara se réjoui que le Mali puisque retrouver sa stabilité, pays qui entretient des relations séculaires avec le sien, la Côte d’Ivoire. En tant que descendant des braves hommes qu’a connus le Mali, comme Soundiata Kéita, Modibo Kéita, Ibrahim Boubacar Kéita doit aussi se montrer à la hauteur de l’héritage reçu, a souhaité M. Ouattara.

Quant à Idriss Deby Itno, le très populaire présent au Mali puisqu’ayant été chaque fois longuement ovationné, il a beaucoup mis l’accent sur la réconciliation nationale. Il a souhaité que le Mali sorte des chantiers battus et se créé des mécanismes devant permettre de réconcilier son peuple. Il a parlé du cas de son pays qui a aussi connu des crises pareilles en 2006 et 2008.

 

Déby Itno rend hommage à Soumaila Cissé

Des crises qui ont failli emporter son pays n’eurent été les ressorts nécessaires qu’il a fallu trouver. Il a mis l’accent sur le rôle et la responsabilité de l’opposition et de la société civile pour la stabilité du pays. En tout cas pour le président Tchadien chaque fois que son pays est menacé dans son existence, seule l’unité nationale a toujours permis de s’en sortir. Idriss Deby Itno n’a pas manqué de saluer le bon climat dans lequel se sont tenues les élections avec le gestion de bon vaincu de Soumaïla Cissé quand celui-ci dans la bonne tradition malienne et africaine s’est rendu chez son challenger pour le féliciter. Deby a salué les efforts des forces armées tchadiennes et africaines qui ont répondu présentes dans la lutte contre le terrorisme à travers un pacte du sang.

 

Mohamed VI renoue les fils d’une relation séculaire

Pour le Roi Mohamed VI du Maroc dont c’était sa première fois de participer à une cérémonie d’investiture d’un président et que c’était aussi la première visite d’un roi marocain au Mali depuis 50 ans, il a d’abord rendu hommage aux chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao, du Tchad et de la France pour les efforts déployés aux côtés du Mali frère, dans l’épreuve douloureuse qu’il vient de traverser. « Si nous nous félicitons tous de la victoire collective sur les forces obscurantistes et séparatistes au Mali, nous sommes tous conscients de l’ampleur des défis qui l’attendent dans cette phase nouvelle de réconciliation et de reconstruction nationales : une réconciliation apaisée entre tous les fils du Mali, ouverte à toutes les sensibilités. La création d’un ministère en change de la Réconciliation nationale et du développement des régions du Nord constituent les prémices mobilisatrices de cette réconciliation ; une reconstruction durable par la consolidation de ses institutions politiques, représentatives et sécuritaires, par la mise à niveau de ses infrastructures de développement et enfin, par la restructuration de son champ religieux. Tout cela, dans le strict respect de la pleine souveraineté et du libre choix des Maliens», a souligné le Roi Mohamed VI.

Pour le souverain marocain, la tradition et la pratique de l’islam au Maroc et au Mali ne font qu’un. Elles  se nourrissent des mêmes préceptes du juste milieu. Elles se réclament des mêmes valeurs de tolérance et d’ouverture à l’autre, et demeurent le fondement du tissu spirituel continu qui a lié nos deux pays. « Guidé par ce socle culturel commun et conscient des enjeux de sa préservation face à toutes les dérives, je me félicite de la signature d’un accord portant sur la formation, au Maroc, de 500 imams maliens, sur plusieurs années. Cette formation, effectuée en 2 ans, sera consacrée essentiellement à l’étude du rite malékite et de la doctrine morale qui rejette toute forme d’excommunication », a expliqué Mohamed VI avant d’ajouter qu’attaché à la coopération Sud-Sud, le Maroc ne ménagera aucun effort pour accompagner le Mali, pays frère et voisin, dans les secteurs socio-économiques que le Mali estimera prioritaires.

Tourner la page noire

Le président de la République du Mali, élu le 11 aout dernier à la magistrature suprême, célèbre ce 19 septembre sa prise de fonction qui est effective depuis le 4 septembre dernier. Une fête à laquelle ont été conviés les pays frères qui ont répondu à l’appel avec la présence de plus de vingt chefs d’État et de gouvernement dans la capitale malienne.

Ibrahim Boubacar Kéita a tenu à saluer chacun des présidents et des délégations présentes pour leur engagement au côté du Mai. Le président a demandé que tous restent solidairement debout pour soutenir le pays dans sa marche vers la reconstruction et l’unité, la réconciliation nationale. « Un pacte de sang » unit le Mali au Tchad qui a perdu plusieurs dizaines de soldats dans les combats au nord du pays, contre les djihadistes. Un « merci » à la France pour ce « merveilleux retour de fraternité » adressé au président français François Hollande.

Aux Maliens, IBK a promis que son slogan de campagne, « le Mali d’abord » n’était un « creux slogan ». Je respecterai et ferai respecter la Constitution du Mali. Inshaa’Allah  » a déclaré le nouveau président malien qui a promis que le Mali ne connaitrait « plus jamais » les affres qu’il a eu à traverser. Même promesse adressée aux pays voisins et au monde. « Le Mali, menace pour ses voisins, plus jamais ça » a martelé celui qui s’engage à refonder l’armée, réconcilier les Maliens et bâtir une Nation forte. 
IBK a pris l’engagement de tourner définitivement la page noire qu’a connu le Mali.

Abdoulaye Diakité

L’indicateur du Renouveau

20/09/2013