Des responsables touareg du Niger condamnent l’indépendance du Nord Du Mali

Nous disons non à cette dérive et nous lançons un appel à nos frères du Mali à garder la sérénité, se ressaisir et trouver une solution dans le cadre d’un Etat unitaire du Mali, ajoutent-ils.

Le communiqué est signé de Rhissa Ag Boula, qui fut une figure emblématique des rébellions touareg du Niger et se présente comme le porte-parole d’un groupe de ministres, hauts fonctionnaires, religieux, ex-chefs rebelles et chefs coutumiers, tous touareg. M. Ag Boula est désormais conseiller du chef de l’Etat Mahamadou Issoufou.

Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a proclamé vendredi l’indépendance de cet immense territoire du nord du Mali, frontalier notamment du Niger, une initiative largement condamnée à l’extérieur.

Le Niger a été comme le Mali, durant les années 1990 et 2000, en proie à des rébellions touareg et redoute d’être déstabilisé par la crise chez son voisin.

Le nord du Mali est passé ces derniers jours sous le contrôle d’une nouvelle rébellion touareg et du mouvement islamiste Ansar Dine appuyé notamment par des éléments d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), également actif au Niger.

Nous avons toujours dit à nos frères du Mali qu’un Etat touareg n’est pas viable en 2012. Une solution séparatiste ne peut pas régler la question touareg. Cette déclaration d’indépendance crée un malaise et un malheur à la communauté touareg, dans le sens où elle multiplie les ennemis de cette communauté, a déclaré Rhissa Ag Boula à l’AFP.

Un Azawad sans nous, sans les autres frères des quatre autres pays où vivent les Touareg (Algérie, Burkina, Libye, Niger, ndlr), ne peut pas exister, a-t-il assuré.

Cet ancien leader rebelle s’est dit favorable à une intervention militaire au Mali de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui en a brandi la menace.

Si la Cédéao n’intervient pas, elle va cesser d’exister. Demain chacun va se lever pour dire +je veux une République à moi+ dans les Etats unitaires et la Cédéao va disparaître, a-t-il averti.

De son côté, un élu du nord du Niger, ancien responsable de la rébellion de 2007-2009, a exprimé son inquiétude au sujet d’une éventuelle opération ouest-africaine. Si ça prend de l’ampleur, ça peut facilement se transposer dans le nord du Niger, a-t-il alerté, sous couvert d’anonymat.

Il a par ailleurs estimé que des centaines de jeunes Touareg du Niger – sur les quelque 4.000 ex-combattants rebelles démobilisés après la dernière rébellion – sont allés par vagues successives depuis le début du conflit en janvier combattre aux côtés des rebelles au Mali.

C’est la solidarité des oasis, a-t-il expliqué.

(©AFP / 06 avril 2012 19h55)