Des bonbonnes « Sodigaz Mali » subventionnées par le gouvernement illégalement exportées vers le Faso.

Pour garder intact notre couvert végétal, le gouvernement burkinabè a décidé  depuis quelques années de promouvoir l’utilisation des bouteilles de gaz dans les ménages.

Cependant, depuis près d’un mois, les ménages ont des difficultés à  renouveler leurs bouteilles de gaz SODIGAZ, en particulier les bouteilles étiquetées « SODIGAZ MALI » qu’ils n’arrivent plus à échanger auprès des revendeurs agréés de ces mêmes bouteilles.

Les revendeurs accusent SODIGAZ BURKINA

Pour Solange Oubda de la boutique « Oubda » à Koulouba, « cela fait maintenant un mois que nous éprouvons des difficultés avec nos clients à propos des bouteilles de 6kg de SODIGAZ MALI.

Des consommateurs se plaignent amèrement, mais nous sommes dans l’impossibilité  de les satisfaire ». Elle attribue ce fait à SODIGAZ BURKINA car, dit-elle, au départ, la société acceptait les bouteilles du Mali.

Mais depuis un certain temps, cette même société refuse ces bouteilles. « En plus des bouteilles de 6kg, il y a celles de 12kg qui posent parfois problème ». D’où proviennent ces bouteilles étiquetées « SODIGAZ MALI » ?

A cette question, Solange Oubda dit n’avoir pas de réponse. Boris Oubda, petit frère de Solange Oubda, se presse de nous montrer la bouteille récusée qui est reconnaissable à sa couleur bleu-ciel et à son étiquette.

Même constat chez le revendeur Boukary Ilboudo de la boutique Kassoum Ilboudo au quartier Saint Léon : « Depuis notre livraison à la date du 18 janvier 2011, nous avions reçu une circulaire qui nous invitait à ne plus prendre les bouteilles de 6kg « SODIGAZ MALI ». Il a aussi évoqué les désagréments que cette situation cause à lui et à ses clients.

« Je refuse de prendre les bouteilles que les clients m’amènent parce que la société  refuse les bouteilles que je lui ramène. Donc, je me retrouve au milieu d’une rivière », commente Boukary Ilboudo, qui pense que les bouteilles en question viennent du marché local. Il nous fera remarquer qu’en plus des bouteilles « SODIGAZ MALI », il y a celles appartenant à « VITOGAZ » qui ne sont plus acceptées par SODIGAZ.

Les mêmes préoccupations sont exprimées par Saïdou Compaoré de la boutique « Nabonswendé » aux 1200 logements. Ce dernier était visiblement très remonté contre son distributeur.

Pour mieux comprendre la situation, il dit avoir téléphoné à la société  SODIGAZ qui affirme que le problème se situe au niveau de la SONABHY qui refuse les bouteilles « SODIGAZ MALI ».

D’autres explications qu’il aurait eues auprès des responsables de SODIGAZ, c’est que les bouteilles étiquetées « SODIGAZ MALI » sont entrées sur le marché burkinabè par la faute des commerçants.

Contrairement à son collègue Boukary Ilboudo qui n’a plus de bouteille « SODIGAZ MALI » dans son stock, Saïdou Compaoré, lui, en possédait quatre à la date du 1er février 2011.

Ces revendeurs voient leur chiffre d’affaires baisser et leur clientèle se raréfier. Ils pensent qu’il appartient à SODIGAZ BURKINA de trouver une solution immédiate. Saïdou Compaoré va plus loin en sollicitant la concertation entre les revendeurs agréés et le distributeur SODIGAZ. « Cela fait cinq ans qu’on ne tient plus de réunions avec SODIGAZ pour évoquer nos problèmes », a déploré Saïdou Compaoré.

Les explications de SODIGAZ BURKINA

A SODIGAZ BURKINA, on dit effectivement avoir constaté depuis un certain temps que les revendeurs ramènent des bouteilles de gaz marquées SODIGAZ MALI. Mais, on tient à préciser :

« Ces bouteilles n’ont jamais été importées par notre société. Même si elles ont la même couleur et la même forme que nos bouteilles, nous n’avions aucun accord avec ladite société pour les utiliser au Burkina, d’où la circulaire du 18 janvier pour demander à nos revendeurs de ne plus les accepter dans leur point de vente ».

Toute chose qu’il déplore car, selon lui, cela crée la confusion au sein des consommateurs et pourrait décrédibiliser sa société qui est dépositaire de la marque. Il rejette l’accusation faite par les revendeurs agréés. « Nous n’avons jamais accepté de manière formelle ces bouteilles. Elles sont arrivées à notre niveau par manque de vigilance ».

Alayé  Bonkoungou est catégorique : « Nous n’avons pas le droit d’accepter ces bouteilles ou de les utiliser car nous ne les importons pas ». Il affirme qu’à ce jour, sa société possède plus de 2000 bouteilles « SODIGAZ MALI ». Et d’ajouter que dans cette affaire, tout le monde est perdant, qu’il s’agisse des clients, des revendeurs ou de SODIGAZ BURKINA.

Une solution est en train d’être trouvée, a-t-il poursuivi. Quant à la provenance de ces bouteilles, le directeur commercial dit ne rien savoir. Cependant, il fera remarquer que cela fait près de quatre ans que sa société a constaté l’entrée des bouteilles du Mali sur le territoire burkinabè et qu’à son temps, l’attention de la société malienne avait été attirée.

Il ajoute que sa société a vu le problème venir mais ne pensait pas qu’il atteindrait une telle ampleur. Une autre marque, « VITOGAZ » pose également problème. A ce sujet, il a laissé entendre que sa société est arrivée à retirer cette marque du marché. Il dit déplorer la vente illicite des bouteilles de gaz sur le marché car cela pose un problème de sécurité.

Que l’Etat applique les dispositions !

Comme solution, Alayé Bonkoungou, responsable commercial, demande à l’Etat de jouer pleinement son rôle en appliquant les textes qui régissent l’importation des bouteilles au Burkina.

Mais selon lui, il faudra surveiller les frontières pour que ces bouteilles ne puissent pas entrer sur le sol burkinabè. Aux consommateurs, il les exhorte à plus de vigilance et leur demande de payer les bouteilles de marque SODIGAZ BURKINA chez les revendeurs agréés.

« En Afrique, nous sommes les seuls dépositaires de la marque SODIGAZ. Malheureusement, on constate qu’il y a SODIGAZ Mali et SODIGAZ Togo. Et cela crée sérieusement la confusion au sein de notre clientèle, pour les bouteilles SODIGAZ Mali. Nos frontières sont poreuses, ce qui facilite l’introduction de ces bouteilles sur le sol burkinabè.

Source le PAYS 08/02/2011