Déploiement d’une force de la CEDEAO au Mali : LE MODE D’ACTION SE PRECISE


Dans leurs compte-rendu, les médias étrangers qui ont les premiers annoncé et commenté la nouvelle s’en sont tenus aux contenus du Conops, (concept d’opérations) initial de la CEDEAO. En fait à y voir de plus près, les termes de la requête formulée par Dioncounda Traoré sont conformes en tous points avec concept d’opérations militaires élaboré par l’Etat-major de la Force en attente de l’organisation régionale. Rappelons que les chefs d’Etat-major s’étaient réunis à Bamako en août pour une rencontre de planification finale en vue d’adopter le concept d’opération de l’engagement au Mali de la Mission d’intervention de la CEDEAO au Mali (MICEMA) et pour définir les modalités pratiques du déploiement.

L’intervention de la MICEMA selon ce concept s’articulera autour de trois aspects. La reconquête des localités du nord est bien entendue primordiale avec une attention sur la formation et l’équipement des forces armées et de sécurité malienne.

Mais la réunion du comité des chefs d’Etat-major s’est bouclée le 15 août dernier à Bamako sur un certain flou. Car les autorités militaires n’ont pas voulu prendre une décision concernant certains points, préférant s’en remettre à l’arbitrage de la conférence des chefs d’Etat. Une conférence qui ne s’est pas tenue jusqu’à présent.

Le général Hassan Lai, le chef d’Etat-major de la force en attente de la CEDEAO et sont staff avaient proposé trois options pour le déploiement : la sécurisation des institutions de la transition malienne ; la formation et la restructuration des forces de défense et de sécurité maliennes ; et enfin l’appui aux Forces armées pour la reconquête du nord.

Lors d’une audience qu’il avait accordée à la délégation du comité des chefs d’Etat-major et à la commissaire chargée des Affaires politiques, de la paix et la sécurité de la CEDEAO, le président de la Transition, Dioncounda Traoré, avait dit qu’il faisait entièrement confiance aux forces de sécurité et à l’armée maliennes pour assurer sa sécurité et celle des institutions de la République.

« Nous nous tournons vers la CEDEAO pour un soutien dans la reconquête des localités du nord de notre pays », avait précisé Dioncounda Traoré à ses hôtes. Cette prise de position annulait du coup le premier aspect du plan de la MICEMA : la sécurisation des institutions de la Transition. La requête officielle de Dioncounda Traoré confirme cette approche. « Je sollicite par la présente, au nom du peuple du Mali, et en ma qualité de président par intérim, l’aide de la CEDEAO dans le cadre du recouvrement des territoires occupés du Nord et de la lutte contre le terrorisme », écrit-il dans sa lettre au chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, président en exercice de la Cédéao. Le président de la République par intérim précise clairement dans sa lettre que « le déploiement d’une force militaire et de police est sans objet pour sécuriser les institutions de la transition à Bamako ». La requête officielle malienne émise par le président Dioncounda Traoré va fournir à la commissaire chargée des Affaires politiques, de la paix et de la sécurité de la CEDEAO, Mme Salamatu Hussaini Suleiman, les arguments juridiques et diplomatiques pour faire adhérer les partenaires techniques et financiers disposés à soutenir le déploiement de la force sous-régionale dans notre pays.

C’est donc sur la base de l’option malienne qui s’en tient aux deux dernières options (formation et la restructuration des forces de défense et de sécurité et appui pour la reconquête du nord) que devrait s’effectuer la mission de la CEDEAO.

Elle prévoit la formation à Bafo d’un bataillon de 1000 sapeurs du génie militaire en déminage, qui sera sous le commandement conjoint de l’Etat-major malien et celui de la MICEMA, le soutien en équipements, matériel et moyens de communication et de transport de troupes, puis le déploiement de trois bataillons, (deux à Ségou et Markala et un autre à San ou Tominian) pour la reconquête du nord et l’assistance humanitaire. Dioncounda Traoré demande lui aussi un soutien pour acheminer de l’aide humanitaire, et pour aider à neutraliser les mines qui ont pu être posées dans le Nord. Le bataillon du Niger opèrera logiquement à partir de la ligne de frontière avec le Mali.

Dans le cadre de la formation et de l’assistance et de la sécurisation de l’Etat-major de la MICEMA qui serait implantée à Koulikoro, la nécessité d’accueillir 4 unités de forces de police et de gendarmerie sera requise. Toujours selon le concept d’opération de la MICEMA, seules les forces armées nigériennes et l’armée de l’air nigériane participeront activement aux opérations dans le nord. Les troupes du Burkina Faso (500 hommes), de la Côte d’Ivoire (350 hommes) et du Sénégal (300 hommes) seront déployées le long de leurs frontières respectives avec notre pays. Le Togo a aussi notifié l’envoi d’un contingent. La Guinée, le Cap-Vert et le Bénin ne seraient pas partants.

De toute évidence, une ultime rencontre de planification entre la partie malienne et celle de la Force en attente de la CEDEAO est utile pour préciser plus avant les plans d’actions.

 

Essor 7 Septembre 2012. Modibo Naman Traoré