Defaite d’IBK commune IV La grande désillusion des chefs traditionnels et religieux

Après 10 ans à la tête de la mairie, le RPM avait fait de la commune IV du district de Bamako un  bastion de fait. Le président du parti, Ibrahim Boubacar Keïta, a lui aussi bénéficié de deux mandats de député dans la commune. Mais, les élections communales de 2009 ont mis fin à cette hégémonie avec la perte du fauteuil de maire par le parti du tisserand au profit du candidat indépendant Moussa Mara. La victoire de celui-ci sera finalement remise en cause par la justice qui a répondu favorablement à la requête en annulation introduite par le RPM dont les leaders ont vu de la reprise du scrutin une occasion de se refaire une santé électorale en un an  des élections générales de 2012.Et le président IBK a décidé de prendre lui-même la tête de cette campagne de reconquête en décidant sur le terrain et en comptant surtout sur les  chefs de quartier et les chefs religieux de la commune pour le vote de la liste RPM.

Et pour cela, il a rendu une visite de courtoisie aux leaders et notables des différents quartiers de la commune IV à qui il a confié le sort de la liste de son parti.  En pleine campagne le 24 janvier, IBK s’est rendu successivement chez Ibrahim Traoré dit San Bourama, chef de quartier de Lafiabougou et coordinateur des chefs de quartier de la commune IV ; Daouda Haïdara, l’imam d’une mosquée du même quartier ; Almamy Traoré, notable et chef de secteur, le guide de la grande Zaouïa de Lafiabougou. Dans tous ces endroits, le chargé de communication du RPM, Boubacar dit Bouh Touré, coordinateur de ces élections au sein du Bureau politique national du RPM, a expliqué aux militants que les différents candidats ont toutes les raisons d’avoir la confiance des populations, parce qu’ils s’engagent à ne pas oublier pourquoi ils seront élus et qui les a élus. Les chefs religieux et traditionnels ont vite fait de jouer les jeux d’IBK. Ousmane Diallo, le coordonnateur des chefs de quartier sur lequel l’ancien président de l’Assemblée comptait beaucoup pour faire le plein des voix, a, au nom des personnes âgées et les imams de la Commune IV, appelé à voter pour la liste du RPM.

Un prêche dans le désert puisque les populations en plus d’avoir boudé les urnes dans leur écrasante majorité, ont tout simplement ignoré les consignes de vote des leaders religieux, comme l’attestent les chiffres assortis du scrutin du dimanche dernier. En effet, les électeurs de la commune IV ont affligé aux partis un taux d’abstention record de 86 % et le trop peu d’électeurs qui ont fait le déplacement, n’ont pas voté dans le sens des consignes des chefs religieux et traditionnels puisque la liste RPM n’a recueilli que 16 petits% soit 8 conseillers contre déjà 11 en 2009 alors que sa principale concurrente, la liste Yelema se prévaut de 37% des voix.

Le  coordonnateur de ces communales au niveau du RPM, le secrétaire à la communication du parti, notre confrère et ancien député Boubacar Touré dit Bou, aura été plus juste en reconnaissant que ces résultats dénotent non seulement un échec cuisant de la classe politique et un  grave défaitisme des militants, mais aussi et surtout du désaveu des leaders traditionnels et religieux dont l’implication dans la campagne aux côtés de leur favori IBK n’a servi à rien autant pour celui-ci en quête d’un renouveau politique, que pour le taux de participation, l’un des plus bas de l’histoire électorale dans notre pays. Il reste à espérer que nos autorités religieuses comprennent définitivement qu’ils n’ont rien à faire sur la scène politique s’ils ne veulent pas perdre définitivement le reste de leur crédit.

Abdoul Karim Maïga
L’ Indicateur Renouveau 11/02/2011