DECORATION DES CHEFS D’ETAT DES PAYS AMIS Pourquoi Idriss Deby a boudé Dioncounda


Après avoir décoré le président Français, François Hollande le 15 juillet 2013 en l’élevant à la Dignité du grand-croix de l’ordre national du Mali pour son intervention militaire au Mali contre les djihadistes à travers l’Opération Serval, le président de la République par intérim, Pr. Dioncounda Traoré a fait autant pour les présidents du Nigéria, Goodluck Gabele Jonathan, du Bénin, Thomas Yayi Boni, du Burkina Faso, Blaise Compaoré au cours d’ une tournée entre le jeudi 15 et le vendredi 16 août derniers.

Depuis lors, c’est l’incompréhension au sein de l’opinion nationale où on n’arrive pas à expliquer comment le président malien peut ignorer le Tchad, pays dont l’engagement dans la guerre malienne contre les djihadistes a été déterminant et qui a même payé un lourd tribut avec la mort aux combats de près d’une quarantaine de soldats. Pourquoi le président tchadien, Idriss Deby Itno n’a pas été décoré par Dioncounda ? C’est la principale interrogation que se posent les Maliens. La visite rendue le lundi dernier au président Deby par le tout nouveau chef de l’Etat malien pas encore investi, Ibrahim Boubacar Kéita, a du coup amplifié les interrogations des Maliens.

En allant remercier Idriss Deby pour son engagement dans la guerre au Mali, IBK a été présenté comme celui qui, avant même d’entrer en fonction est venu réparer une faute du président de la transition. « Je suis venu dire merci. Il était indiqué que je réserve cette première visite au Tchad, que je vienne exprimer toute ma reconnaissance au peuple tchadien et à son président pour l’action conduite qui a permis aujourd’hui qu’on soit dans cette stabilité », a déclaré le président IBK au sortir de son entretien avec Idriss Déby.

Tout semble indiquer comme si Dioncounda avait expressément décidé d’ignorer le président tchadien dans la reconnaissance de la Nation malienne envers ses différents libérateurs. Que nenni !  Selon une source présidentielle que nous avons contactée hier, le président Dioncounda a rempli sa part du contrat d’autant plus qu’il a demandé à trois reprises à son homologue Idriss Deby de se faire décorer, mais ce dernier a toujours trouvé des astuces pour annuler les rendez-vous.

Le président tchadien en veut toujours pour le choix du Chef de la Minusma
Selon notre interlocuteur, chaque fois que la demande a été faite par Dioncounda Traoré d’aller décorer le président tchadien, celui-ci s’est toujours montré indisponible. Notre informateur d’ajouter que même avant de se rendre à l’Oumrah (un mini-pèlerinage) à la Mecque, Dioncounda avait voulu faire escale au Tchad pour décorer Idriss Deby, mais celui-ci a trouvé les moyens de décliner l’offre. Il aurait même  dit qu’il est en jeûne quelque part dans son pays. Argument du reste peu diplomatique envers un homologue. Mais pourquoi Déby refuse alors la décoration malienne ? Notre source croit le savoir : c’est parce qu’il n’est pas content que le commandement de la Misusma ait échappé à son pays.

Idriss Deby n’a pas du tout apprécié le fait que le secrétaire général de l’ONU, Banki Moon ait nommé le général Kazura du Rwanda à la tête du commandement de la Minusma au détriment du tchadien. C’est vrai que Deby l’avait clamé en son temps haut et fort : le Tchad prendra le commandement de la Minusma ou rien. Mais, l’ONU a nommé le mardi 11 juin, le général rwandais à la tête de la Mission de l’Onu en cours de déploiement, au Mali (Minusma).
Jean-Bosco Kazura a été préféré au candidat tchadien, le général Oumar Bikimo, qui a commandé le contingent tchadien au Mali. Pourquoi le Tchad, qui a le plus gros contingent au Mali, n’a-t-il pas obtenu le poste ? Et comment le Rwanda, qui n’a pas de contingent au Mali, a-t-il réussi à l’obtenir ?

C’est au Japon – au sommet nippon-africain de la Ticad – que le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, avait annoncé la mauvaise nouvelle au président tchadien, Idriss Deby. Pour Ndjamena, ce fut une grosse déception tant sa candidature lui semblait la plus légitime. En effet, c’est l’armée tchadienne qui était en première ligne avec les Français, au nord du Mali, et qui a payé le prix du sang : 38 morts et des dizaines de blessés

On a cru toutefois que cette histoire était derrière nous parce que selon nos informations, le secrétaire général de l’ONU avait rencontré Idriss Deby Itno lors de ce sommet pour lui expliquer les raisons qui ont prévalu au choix du général rwandais.

La rancune contre Dioncounda

D’abord parce que – même s’il était l’un des deux généraux qui commandait les troupes tchadiennes au nord du Mali – le général Bikimo n’a pas convaincu par ses capacités politiques et stratégiques au cours du test organisé à l’occasion. En effet, selon notre interlocuteur, être le chef militaire d’une mission onusienne de maintien de la paix, c’est occuper, avant tout cela, un poste politique.

Ensuite, parce que c’est la première participation d’ampleur des soldats tchadiens aux opérations de maintien de la paix. Des novices, explique une source onusienne, qui ne connaissent pas les rouages du système onusien et qui pensaient arriver en terrain conquis.
Il se trouve aussi que les nominations, à ce niveau de responsabilité, sont le résultat de marchandage. Ainsi, la rivalité entre le Tchad et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a profité au candidat rwandais qui est apparu comme une solution médiane.

La présence du Tchad, cette année encore, sur la liste noire des pays utilisant des enfants soldats a-t-elle joué ? Pas vraiment, explique-t-on côté onusien.
Mais à New York, entretemps, on sait bien qu’il faudra trouver un poste au Tchad, vu l’importance du contingent tchadien au sein de la Minusma. Le problème, c’est que Ndjamena ne veut pas d’autre poste.

On comprend alors que même si Deby dans un premier temps s’était montré compréhensible avec Ban ki Moon, il n’en demeure pas moins qu’il garde toujours la rancune contre notre pays, précisément Dioncounda qui n’aurait pas suffisamment fait pour imposer le choix de son candidat. On espère que les choses vont rentrer dans l’ordre avec IBK.

Abdoulaye Diakité

L’indicateur Renouveau 2013-08-28 09:27:07