De quoi je me mêle / Un visa pour aller à Tombouctou : bravo la République !

Et puis comme c’est tôt le matin, tu peux tomber sur un flic-diesel. C’est-à-dire quelqu’un qui accuse du retard à l’allumage et qui te cuisine : « Vous êtes journaliste pour quel organe ? ». S’il vous prend de protester, nos braves gardiens de la paix te disent qu’ils trouvent bien curieuse la nouvelle pratique, mais ils bottent vite en touche «  les ordres sont les ordres ». Y compris quand ça fait désordre.

Tu vas à Kayes : fiche de police, Mopti: fiche de police. Nioro : fiche de police, sauf qu’il n’y a plus d’avion sur cette ligne depuis qu’Air-Mali a fermé boutique. La distance ne compte pas, la destination encore moins. Paris, Lisbonne, Fana ou Kolondieba : peu importe, vous remplissez la fiche de police ou vous n’embarquez pas! C’est cette fiche qui est votre visa. Donc en plus des consulats américain et français qui ont fermé l’axe Bamako-Paris, Bamako-New York, voici que le pays institue le laissez-passer intérieur. Ne vous fatiguez pas : il est impossible de convaincre nos gentils poulets que la fiche de police n’est pas nécessaire pour les vols domestiques. Ils vous rétorquent tout de suite que même entre Konobougou et Ségou, eux, ils contrôlent l’identité des passagers de bus. Ils ne se mêlent pas des affaires des autres pays.

D’ailleurs, tant pis pour l’espace Schengen et ses flemmards de gouvernants si on va de Copenhague à Rome sans remplir de fiche de police ou avoir à présenter sa pièce d’identité. Ici on est au Mali, ce sont les instructions du ministre qui importent et pas le respect des citoyens. Sécurité d’abord et tout le reste ensuite. Et la sécurité c’est poster des vigiles non armés aux aéroports par par ces temps de hauts risques.         

Adam Thiam

Le Républicain 01/10/2011