De quoi je me mêle ? / Sous intellectuel et sans « cardenté » !

Il avait raison. Derrière nous, était garé le pick-up bleu « Moussa » du 15è arrondissement. Comme j’étais à 200 mètres de la maison, -mais sans « cardenté », je lui dis : « malheureusement, je n’ai pas de pièce sur moi mais je me la fais apporter tout de suite ». « Non, descends ! »  « Soyez plus poli ». « Descends ! ». « Je ne descends pas ».  « Descends !» « Je ne descends pas ». Le chef de l’expédition est mis à contribution. Il m’indique de monter  de moi-même dans le pick-up ou alors « je vais t’humilier ». Refus catégorique.

Il « m’humilie donc ». Jeté  à l’arrière du véhicule à côté de deux belles de nuit qui fumaient tranquillement. Direction commissariat. Le chef de poste, courtois, me fait un long cours sur le civisme et le rôle de la police avant de me dire « pourtant, on vous connaît et on vous prenait pour un intellectuel ». Tout rentre dans l’ordre. Sauf que le Chef de poste avait eu le temps de me passer sa conjonctivite.  Yeux rouge-sang, picotements insupportables. La solution c’est le savon « Koulikoro ». C’est radical, assurent mes visiteurs.

Je m’exécute et je perds quasiment l’œil. Samedi, pas de chance de trouver, un opthtalmo. Je vais tout droit chez le pharmacien du coin et lui explique tout.  Sa question : « sans me mêler de ce qui ne me regarde pas,  êtes-vous  bien l’éditorialiste qu’on lit tous les jours ? ». Réponse affirmative d’un homme qui ne se sent plus. Mais douche froide : « curieux, vos écrits ont tout de celui d’un intellectuel, sauf qu’aucun intellectuel ne met jamais de la soude caustique sur ses yeux »!  

Adam Thiam

Le Républicain 06/09/2011