De quoi je me mêle ? / Maraboutages circulaires au Mali : bilan et perspectives


Pour cause de foie défaillant, pas par les dégâts du vin chimique bourré de plomb qu’on trouve souvent dans sa bouilloire, mais vous l’avez deviné, à cause de la main de Maninka Bemba, son concurrent du patelin mortellement jaloux de lui. Pour revenir au caporal, le marabout traitant lui prédit le grade de capitaine s’il honore sa prescription de sept mètres de percale blanche, quatre coqs de la même couleur, trois noix de cola immaculées.

L’homme de rang  n’a rien contre les capitaines  mais, pour lui, c’est adjudant chef plus la savoureuse désagrégation de son collègue malfaisant, le déjà adjudant-chef : les bras qui se raccourcissent au point de ne pouvoir atteindre le ventre, le ventre qui descend au niveau des genoux, la bouché littéralement déplacée vers la tempe et deux milligrammes de chair qui tombent tous les jours. Mais alors qu’est-ce qui rend cette méchanceté circulaire ? C’est que l’adjudant-chef en question a aussi eu les confidences d’une jeteuse de cauris. Son problème c’est ce nul de Sow qui ne quittera jamais son grade de caporal et qui fait tout pour que lui reste adjudant-chef.  Or selon, la voyante, tant que le mangeur de haricot respirera, la promotion est compromise pour son client.

A moins que ce dernier  n’amène sept mètres de percale blanche, quatre coqs de la même couleur, trois noix de cola immaculées. « Pas de problème, tranche l’ambitieux adjudant.  Il faut, en plus, que Sow ait une mort savoureuse ». Je ne veux pas mêler de ce qui ne me regarde pas, surtout en matière de missiles circulaires de notre savane.  Mais où va un pays où chacun envoûte et est envouté par le voisin, la marâtre, le demi-frère, la coépouse, le collègue, le coéquipier ? On peut remporter la Can ou  le Nobel avec ça ?

Adam Thiam

Le Républicain 25/10/2011